http://fr.wikipedia.org/wiki/FauconnerieChapitre III Le dressage et la chasse :
La fauconnerie ou chasse au vol :
est l'art de capturer une proie sauvage dans son milieu naturel au moyen d'un oiseau de proie dressé à cet effet. On peut penser qu'il s'agit là de l'un des tout premiers modes de chasse.Ces origines :
La fauconnerie semble trouver son origine sur les contrées lointaines orientales. Les Kirghizes, nomades et chasseurs, pourraient avoir été jadis les premiers fauconniers. La documentation la plus ancienne que nous possédons dans nos archives sur la fauconnerie date de... . Le monde antique grec et latin a connaissance de cet art sans le pratiquer. Une plaque de ceinturon gallo-romain évoque la chasse au vol, mais cela se résume à ça.
Arrivée dans notre Royaume :
La technique s'affine peu à peu, grâce en particulier à l'usage du leurre et du chaperon rapportés d'Orient par les croisés en 1247. Puis apparaît le plus riche et le plus célèbre traité de fauconnerie d'Occident,
De arte venandi cum avibus de l'Empereur Frédéric II de Hohenstauffen. Les Roy de France ont toujours eu des équipages de vol et la plupart d'entre eux ont effectivement pratiqué sur le terrain. Les renseignements les plus précis ne remontent qu'au XIIIe siècle. A cette époque, et jusqu'au début du XVe siècle, le responsable des équipages royaux portait le titre de fauconnier maître; sous Charles VI, on sépara les services de la vénerie et de la fauconnerie en créant, en 1406, la charge de grand fauconnier de France.
Dressage
La reproduction des faucons en captivité n'existant pas dans notre Royaume, il faut les prendre au nid (ou aire) : c'est le "désairage", procédé qui requiert de repérer les nids et d'attendre l'éclosion des oeufs pour prendre les poussins juste avant leur premier envol. Lorsqu'il s'agit de faucons pèlerins nichant dans les falaises, le fauconnier doit s'aventurer dans des zones rocheuses et se laisser descendre en rappel à l'aide de cordes. On peut également capturer des faucons adultes à l'aide de filets, de lacets ou d'autres pièges. Il faut faire preuve de beaucoup d'adresse lorsque l'oiseau vient se percher la nuit, dans un arbre ou sur des rochers.
Les fauconniers préfèrent capturer de jeunes oiseaux, étant plus faciles à dresser que les adultes. Une fois pris, les oiseaux sont mis dans un bâtiment, sorte de tour appelée encore "mue" ou "fauconnerie". Dans cette bâtisse construite à l'écart, a été aménagée une aire artificielle dans une chambre ouverte de trois côtés, pourvue de bassins d'eau et de perchoirs. C'est là que les jeunes faucons désairés, en état de voler, vont et viennent, apprennent le contact direct avec l'homme.
Avant de débuter le dressage proprement dit, l'oiseau doit être pourvu de son "armement" : des jets, fixés aux pattes, qui permettront au fauconnier de mieux tenir l'oiseau sur son poing. Avec "l'affaitage", une relation particulière s'instaure entre le rapace et son maître. Tout en respectant le mode de vie de l'oiseau, le fauconnier lui fait abandonner son agressivité sauvage et renforce son courage pour l'inciter à chasser des gibiers plus grands qu'il ne le ferait en liberté.
Tous les traités de chasse insistent sur l'affaitage qui requiert de la part du fauconnier amour des oiseaux et attention continue. Car celui-ci va partager nécessairement une grande partie des fatigues auxquelles il soumet l'oiseau, le portant continuellement jour et nuit, sans lui permettre un seul instant de repos. Il s'agit de vaincre la résistance de l'oiseau : de "l'abaisser". La méthode peut paraître "dure" : c'est par épuisement, en jouant sur la faim et la fatigue, que le fauconnier tente d'obtenir un début de soumission.
Pour aider l'apprivoisement, le calmer, l'habituer plus rapidement à la présence de l'homme et à lui faire accepter sa compagnie, l'oiseau est "cillé". Le procédé consiste à faire passer un fil au travers des paupières inférieures et le nouer au-dessus de la tête, afin de les maintenir levées, privant ainsi le faucon de la vue. Desserré peu à peu, le fil ouvre progressivement à la pleine lumière : le faucon est alors "décillé". Un autre procédé, le chaperon, est mentionné par Frédéric II dans son traité. Dès que l'oiseau se laisse couvrir et découvrir la tête du chaperon, le dressage pour la chasse peut commencer
Il arrive qu'il soit nécessaire "d'éclisser" le faucon pour le "mettre en amitié" : le fauconnier s'emplit la bouche d'eau qu'il pulvérise sur la poitrine (que l'on appelle "buffet" en fauconnerie) de l'oiseau afin de le calmer lorsqu'il s'agite ou se défend trop. Dans les premiers temps du dressage, le fauconnier doit manipuler l'oiseau avec précaution et douceur, celui-ci s'effarouchant vite.
Dès que le faucon donne des signes de docilité, le fauconnier l'incite à "sauter le poing" pour y chercher une "beccade", de petits morceaux de viande. Frédéric II ne fait qu'appliquer avant la lettre, le principe du conditionnement décrit par Pavlov, en "stimulant" l'oiseau.
Une première étape de l'affaitage est achevée quand l'oiseau s'est habitué à son dresseur : prenant le "pât" c'est-à-dire sa nourriture tranquillement à la main du fauconnier. Le faucon est alors prêt pour "être introduit" c'est-à-dire pour l'habituer à vivre au contact des hommes et des bêtes dans des lieux les plus divers.
Le fauconnier commence par des exercices simulant la chasse proprement dite. L'oiseau apprend à revenir sans hésiter à son rappel, un cri particulier lancé par le fauconnier qui déclenchera le réflexe du retour immédiat du faucon au maître. L'entraînement se poursuit sur un "gibier d'escap" : c'est une proie vivante (pigeon, grue...) aux mouvements handicapés pour que le rapace s'enhardisse à la saisir et apprenne à faire prise dans toutes les positions. Le fauconnier choisit généralement le type d'oiseau à chasser plus tard : le faucon est ainsi spécialisé - "créancé" - dans le vol d'un gibier déterminé.
L'affaitage s'achève en habituant l'oiseau à la compagnie des chevaux et des chiens. Au Moyen Âge, les chiens sont utilisés en fauconnerie pour repérer et lever le gibier, pour aussi porter secours au faucon et l'aider à immobiliser sa proie lorsque celle-ci est importante. Une fois le faucon "assuré", c'est-à-dire volant librement et revenant sans hésitation au rappel du fauconnier, vient alors le premier vol "pour bon", moment toujours critique et déterminant dans l'attente du retour du faucon.
Les oiseaux ne sont pas laissés en liberté dans la fauconnerie mais installés sur des perchoirs ou "perches" en bois auxquels ils sont attachés. Il en existe de plusieurs types : des perches hautes et basses.
C'est un autre type de perchoir : bloc de pierre ou de bois, surmonté d'un plateau rond revêtu de cuir ou de feutre car les faucons ont besoin pour se reposer d'étendre leurs doigts appelés "mains" en fauconnerie. Il est complété d'un pieu à anneau pour attacher la longe.
Le bloc peut être déplacé à l'extérieur du bâtiment de la fauconnerie, dans la cour pour faire prendre le soleil à l'oiseau.
Une fois par an, les faucons renouvellent leur plumage. La "mue" a lieu au printemps et en été. Pendant cette période, l'oiseau ne peut pas voler, il est mis "en mue", dans une pièce réservée à cet effet : là, le fauconnier veille attentivement sur l'oiseau, sur sa nourriture, sur la repousse des plumes. C'est effectivement un moment délicat : toute plume froissée, cassée ou mal venue aura des incidences fâcheuses sur le vol de l'oiseau. Un plumage parfait est une des conditions essentielles pour une bonne chasse.
Être fauconnier exige des qualités physiques et morales variées. Certaines sont communes à tout chasseur : posséder une bonne santé, être adroit, avoir des sens parfaitement exercés. D'autres sont particulières au fauconnier : sobriété, patience, bonne odeur (hygiène) et bonne mémoire. Dans son traité, Frédéric II en brosse même le profil physique : de taille moyenne, la vue perçante, l'ouïe aiguisée et habillé de façon neutre. Le fauconnier fait ainsi figure d'homme accompli.
Avoir de la voix se révèle souvent nécessaire pour se faire entendre des oiseaux. Entraîné au loin, l'oiseau peut être perdu de vue et il s'agit alors de le retrouver. Par ailleurs, il n'est pas rare que le faucon "aille au change" c'est-à-dire qu'il soit distrait du gibier par une autre proie plus facile. Il faut agir très vite. La chasse au vol se confondant souvent avec la chasse en rivière, savoir nager est obligatoire pour rechercher les faucons égarés.
Savoir porter l'oiseau n'est pas indifférent. Dans le monde aristocratique médiéval, la manière de porter son oiseau dénote la bonne (ou mauvaise) "éducation" des individus. Si Frédéric II estime qu'il faut pouvoir porter les faucons de la main droite comme de la main gauche, il semble cependant, qu'en Occident, la règle ait été de porter à gauche, libérant ainsi la droite pour nourrir l'oiseau, le redresser si besoin, et tout simplement monter à cheval.
La longe est la seconde pièce essentielle de l'équipement du faucon. Nouée aux anneaux des jets, elle est solidement liée à la perche ou au bloc où l'oiseau est posé.
S'ajoutent les sonnettes, petits grelots attachés aux tarses de l'oiseau par une lanière de cuir. Par leur son, le fauconnier peut suivre plus facilement les allées et venues de son oiseau et le localiser lors des parties de chasse.
Le chaperon, c'est une petite coiffe en cuir souple qui couvre la tête du faucon pour le calmer durant l'affaitage, pour contrôler l'agressivité de l'oiseau lors des déplacements, pour également le préparer à la chasse. Le chaperon sur la tête, le faucon est plongé dans l'obscurité et demeure tranquille ; la coiffe enlevée, l'oiseau voit immédiatement la proie et vole mieux.
Le gant protège la main et l'avant-bras gauche du fauconnier qui, de l'autre, tient le "tiroir", une aile ou une patte d'oiseau peu charnue où le faucon peut mordiller, le faisant ainsi tenir tranquille lors des transports ou des manipulations.
L'équipement du fauconnier se complète d'un sac appelé encore "gibecière" ou "fauconnière", pendu à sa ceinture, lui permettant d'emporter les morceaux de viande dont il récompensera l'oiseau. Assez large, elle doit être maniable d'une seule main.
Pour être aisément transporté, le faucon est enserré dans le "maillolet", sac de lin maintenant les ailes et les pieds et ne laissant passer que la tête et l'extrémité de la queue.
Chaque jour, on "jardine" les oiseaux : on les fait sortir dans la cour de la fauconnerie pour qu'ils s'ensoleillent en attendant leur nourriture. Et rien de tel qu'un bain pour lutter contre "les effrois et les débas du faucon", contre également les parasites (teignes, poux, vers) et les maladies (notamment le mal du "podagre" qui affecte les pieds de l'oiseau).
Les faucons nécessitent un régime alimentaire adapté pour être maintenus dans une condition de chasse adéquate : des volailles, notamment du poulet, plutôt que de la viande rouge, des oeufs, du lait, du fromage le cas échéant. Le régime varie dans l'année et selon les activités. Ainsi le faucon est-il davantage nourri en temps de mue, de même qu'en hiver. En revanche la veille de parties de chasse, l'oiseau doit être "abaissé" : sa ration est réduite, il est mis à jeûner.
Oiseaux de rivière pour les plus grands des faucons (gerfaut, lanier, sacre, pèlerin), oiseaux des champs pour les plus petits des rapaces tel l'émerillon.
Les grands échassiers tels que les grues et les hérons et les palmipèdes tels les oies et canards constituent le gibier principal. Ces chasses sont très réputées mais ne sont pas sans quelque risque pour le faucon, compte tenu de la taille de ces gibiers. A ce tableau il faut ajouter la perdrix, le faisan, la caille ou encore le lièvre.
Bas vol : On nomme ainsi le vol du poing: l'oiseau est légèrement retenu sur le poing du fauconnier: au départ du gibier, l'oiseau s'élance à la poursuite de sa proie: On utilise pour cela différentes catégories d'aigles, d'autours des palombes, d'éperviers, ainsi que des oiseaux d'origine diverses comme la buse de Harris ou la buse à queue rousse. Ces oiseaux ont en principe des ailes courtes et arrondies, et une queue importante leur permettant de brusques changements de direction. Les proies d'un oiseau de bas vol sont multiples, à plumes et à poil : du chevreuil pour l'aigle royal au passereau pour l'épervier.
Haut vol : On nomme ainsi le vol d'un oiseau déjà en vol lors du départ du gibier. L'oiseau est ainsi habitué à monter à la verticale de son fauconnier et de son chien à l'arrêt. Il fond à très grande vitesse sur sa proie dès qu'elle décolle. On utilise pour ce vol différentes espèces de faucons (pèlerins, sacrés, gerfauts, lanier, etc.).
Les proies d'un oiseau de haut vol sont des proies en vol : en effet, la très grande vitesse de l'attaque et de l'impact rendent extrêmement dangereux la proximité du sol ou d'un obstacle quelconque.
Ouvrage réalisé par Pao.