Présentation de l'office des apothicaires

Isa était penchée dans la lecture des derniers écrits sur l’emploi de la jusquiame d’Hildegarde De Bergen qui était pour elle, et pour l’avoir maintes fois vérifié, une source de conseils des plus avisés.
C’est alors qu’elle vit avec plaisir entrer les autres apothicaires dont Altéa lui avait annoncé la venue.

Dame Asa, messire fontvell, je suis ravie de vous connaître, je suis persuadée que nous allons faire du bon travail ensemble.
L’union ne fait t’elle pas la force et nous avons tant à faire.
Etant seule jusqu’à présent, je me suis permise d’agencer à mon idée mais si vous avez des préférences…
Mais où ai je la tête ? je ne me suis pas présentée.

Elle s’approcha à leur rencontre et les salua d’une poignée de main énergique.

Je suis Dame Isabeau, mais tout le monde me nomme Isa, surnommée aussi la dame tisane de Valence, ajouta t’elle dans un sourire.
Je tiens une herboristerie dans ce village que j’adore, nommée la « belle Mandragore »
Tiens, d’ailleurs, un petit apéritif de pissenlit vous siérait t’il ?
histoire de trinquer à notre future collaboration...

Asa salua Dame Isabeau ainsi que l'home qui venait de les rejoindre. Elle leur adressa un sourire à tous deux mais grimaça quelque peu sous la poigne de Dame Isabeau.

*Hé bien en voilà une dame qui se porte bien !*

Elle jeta un coup d'oeil rapide sur l'ouvrage que l'herboriste lisait et l'estima. Elle hocha la tête, un petit sourire sur le visage. Dame Isabeau leur proposa alors un rafraichissement qu'elle accepta avec joie.

"Merci ma Dame. Trinquons donc à nostre collaboration et qui sait peut estre également à une future amitié !"

Elle les observa en souriant. Messire Fontvell sortit alors d'une besace un vieux livre qu'il posa devant lui. Asa reconnut alors immédiatement les contours si habituels de son livre de chevet. Elle ne put s'empêcher de sourire largement.

"Ah voilà, un livre que je crois bien connaitre. Je vois donc Messire que nous avons les mesmes lectures."

Absorbée par son travail, Isa ne vit pas de suite entrer son collègue Fontvell.

Oh , bonjour, heureuse de vous revoir aussi.
Que cette année nouvelle vous apporte ainsi qu'aux votres, bonheur et santé.

Heureuse de voir qu’il s’intéressait à ses « trésors » elle le gratifia d’un grand sourire et poursuivit :

Pour mieux comprendre les pouvoirs de ces plantes , je vais vous dire ce que j’ai retenu de mon initiation.

Elle lui expliqua alors une certaine théorie qu’on lui avait démontré là bas :

Voyez vous, ces plantes tropicales qui atteignent quelquefois plus de 100m de hauteur... je l’ai vu de mes yeux...captent l’énergie solaire, source de vie.
Elles sont hautes et résistantes et donc positives.
Les tribus des forêts qui s’en nourrissent depuis toujours bénéficient d’une vigueur exceptionnelle comme si ils avaient emmagasiné les vertus et la résistance de ses plantes
Les guérisseurs affirment que la plante vit et pense, captant les énergies et les pensées.
Somme toute, nos sciences ne sont pas si différentes que cela, avec la théorie aristotélienne des 4 principes fondamentaux que sont l’air, la terre, l’eau et le feu et qui régissent nos théories des humeurs.

J’aimerai me pencher sur l’ergotisme, le mal des ardents qui est un vrai fléau de nos jours.
Ces ergots de seigle sont à la source de nombreuses gangrènes, je suis persuadée que des applications de lelang pourraient ainsi en venir à bout.
OH…et puis….pour la lèpre aussi …mon dieu ! il y a tant à faire.

Elle parlait…elle parlait sans s’arrêter, habitée par une énergie nouvelle, désireuse de faire partager à Fontvell son enthousiasme, puis se tut, le regarda et lui demanda :

M’aideriez vous dans cette tâche ?

Cette petite pause et la liqueur, bien que prise modérément, avaient un peu contribué à ajouter à sa fatigue.
Elle l’avait pourtant écouté poliment parler de sa vie de soldat, tout en réprimant les bâillements qui se faisaient de plus en plus pressants.

Oh ! et puis tant pis se dit t’elle, je dois absolument aller me reposer, mon travail n’en sera que plus efficace ensuite.

Je…je vous prie de m’excuser mais…j’ai grand besoin de repos.
Cependant, j’aurai aimé que vous me parliez des soins que vous prodiguez sur les champs de bataille.
Une autre fois, peut être ?
Pour l’heure je crois que je vais aller à la salle de repos.
Désolée de vous abandonner ainsi et encore merci pour votre aide.
Nous y arriverons, j’en suis sure.

Elle se leva, un peu chancelante, et se dirigea vers la sortie.

Plusieurs jours avaient passé se succédant les uns aux autres qu’Isa avait vécus, habitée par la même frénésie de travail.
Elle avait mis au point quelques remèdes expérimentaux lisant et relisant les écrits des maîtres à penser en ce domaine.
On n’avait pas le droit à l’erreur.
Un mauvais dosage de certaines simples pouvaient être fatal et sa vieille balance avait été soumise à rude épreuve tous ces derniers jours.

Elle rangea soigneusement ses précieux mélanges étiquetés dans les pots de faïence et sortit machinalement son miroir de son panier d’osier avant de sortir.

Wouahhh ! quelle mine affreuse !!!! s’écria t’elle.
Bon ma fille secoues toi où tu finiras en rat d’officine.
Il est temps d’aller prendre l’air.

Elle remit un peu d’ordre dans sa mise et se promit d’aller profiter un peu des douceurs de la vie.

Tiens, une fois n’est pas coutume, je vais aller prendre quelques rafraîchissements en taverne et qui sait…. peut être y trouverai je chausse à mon pied.