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 Sorcellerie en Europe médiévale

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Sablelon

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MessageSujet: Sorcellerie en Europe médiévale   Sorcellerie en Europe médiévale Icon_minitimeMar 12 Aoû 2008 - 19:49

SORCELLERIE EN EUROPE MÉDIÉVALE
(tiré de Le Goff (J.) et Schmitt (J.-C.) dans le Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval)


......La sorcellerie en Europe caractérise des types de société et de rationalité qui diffèrent de ceux qui l'emportent dans le monde occidental actuel. Alors qu'aujourd'hui prédominera par exemple (mais pas de manière exclusive, il est vrai) une logique scientifique, telle que la médecine ou la météo, au Moyen Âge, la sorcellerie fait rôle d'explication des évènements (surtout les malheurs) ainsi que les moyens d'agir sur eux qu'on appellera "symboliques" en entièreté : à savoir qu'ils sont mis en relation à l'influence de forces surnaturelles (Dieu ou les démons) ou à des pouvoirs occultes qu'auraient certains hommes, "sorcières" ou "sorciers", qui les utiliseraient par exemple pour faire tomber la grêle sur les récoltes, rendre impuissant sexuellement, ou priver les vaches de leur lait, etc. Mais en fin de compte, n'est-ce pas le versant "noir" que ces croyances, d'une conception plus globale du monde ? Dans la société traditionnelle chrétienne, où prévalent l'Église et son clergé, ce n'est pas dans une logique différent de celle de la sorcellerie qu'existent le culte des saints et la croyance au miracle, les exorcismes, la croyance en la Présence réelle dans l'hostie ; ce sont des illustrations du versant légitime de la même pensée symbolique.
......Aux yeux de l'historien ou d'un ethnologue, la pouvoir présumé des sorciers n'a pas de réalité objective : le décès d'un individu ou la chute de la grêle, pensons-nous, ne saurait être la conséquence objective du fait de jeter un sort, quoi que le discours autochtone en dise. Mais l'imaginaire n'en est pas moins une matière sociale réelle qui a des conséquences matérielles et objectives. Ainsi le sorcier qui est convaincu de détenir un pouvoir, et ses victimes supposées qui le sont d'être l'objet de maléfice. En somme, les deux parties occupent différents rôles dans la société, et cette problématique nous indique comment ceux ci sont distribués, ainsi que les comportements. En outre, quand un voisin est accusé de maléfice, il subit une violence physique et parfois le déchaînement d'une répression institutionnelle contre les sorciers présumés. Ces violence et déchaînement sont les conséquences matérielles de ce qui n'est qu'une réalité imaginaire au départ. Ainsi, imaginaire, fantasme, croyance constituent des forces historiques de premier plan.
Deux traits caractéristiques de la situation médiévale sont mis en lumière par l'ethnologie :
......L'importance en Europe de la sorcellerie n'a tenu qu'à ce qu'elle repose sur des croyances partagées jusqu'au sommet des institutions dominantes de l'Église et de l'État. A époque médiévale et au début de l'époque moderne, un procès pouvait remplir bien des fonctions, y compris politiques, mais personne ne doutait de la réalité occulte du Mal ; les sorcières, comme le diable, "existaient" vraiment ; le tout était de savoir si le prévenu était ou non leur complice. La sorcellerie était un mode d'interprétation du monde, en repérant d'abord le principe du Mal, c.-à-d. le diable, cause de tous les dysfonctionnements de l'ordre naturel et social. La sorcellerie était donc caractérisée par l'assignation du malheur au diable et aux démons, à leurs complices les sorciers et les sorcières, et aussi à Dieu (lui seul "permet" qu'un malheur s'abat sur les hommes) et ce dans une conception agonistique du cosmos et de l'histoire. Cette vision des causes de la sorcellerie allait même mener à la représentation d'une alliance volontaire du sorcier et de Satan, d'un "pacte" ou "hommage" rituel, emblème fantasmatique d'une contre-Église diabolique.
......Deux pôles apparaissent, d'une part l'institution (l'Église, l'État), de l'autre les figures du diable et de la sorcière, dont la rencontre fut de première importance dans la genèse de la "chasse aux sorcières" qui s'est déchaînée en Europe entre le XVe siècle et la première moitié du XVIIIe. Comprendre cette période de genèse qu'est le Moyen Âge pour la sorcellerie, est primordial pour analyser l'histoire de la sorcellerie dans sa plus longue durée.


Démonologie chrétienne et "fantasmes" diaboliques

......Bien que le christianisme a progressivement marqué de sa patte propre la sorcellerie, cette dernière, sous des formes différentes sans doute, existait dans les cultures antérieures. A Rome, comme la religion officielle se centrait de plus en plus sur le culte de l'empereur, la pratique des maléfices et envoûtements (defixiones) fut de plus en plus considérée comme un crime de lèse-majesté. Quand le christianisme devint, au IVe siècle, religion officielle puis unique de l'Empire, on réprima les mélfices, la magie, la divination, la nécromancie, comme manifestations ou survivances non tolérables de l'idolâtrie païenne. Pour les Pères de l'Église et les premiers conciles, la Bible, avec entre autres les cas de la pythonisse d'Endor (I Sam., XXVIII) et de Simon le Magicien (Act., VIII, 9-25), fournit des arguments utiles pour repousser ces formes les plus noires du paganisme. Mais surtout, elle donnait une nouvelle intelligence du malheur en substituant à l'invocation de l'influence maligne des "démons" du paganisme gréco-romain deux innovations d'une portée considérable : d'une part, l'idée de la faute originelle et, à sa suite, celles du péché, de la liberté et de la responsabilité individuelle des pécheurs. Ainsi quand les hommes font le mal, et notamment pour les sorciers, leur acte est désormais volontaire et rend leur auteur complice du Tentateur. D'autre part, s'est imposée au centre du drame chrétien du Bien et du Mal la figure de Satan, du diable, sorte de souverain des ténèbres et de l'illusion, bien que toujours soumis à Dieu. Dès le début du Ve siècle, tout le décor, peut-on dire, est en place, même si l'on est loin encore de la "chasse aux sorcières".
......Les sortilèges (sortilegia), les maléfices (maleficia), les incantations aux démons et au diable (incantationes), les philtres et les ligatures (phylactéria et ligatura) ainsi que toutes les formes de divination sont condamnés par les auteurs ecclésiastiques (Césaire d'Arles, Augustin d'Hippone, Martin de Braga, Isidore de Séville, etc.) et par les conciles du haut Moyen Âge. La période carolingienne voit un effort législatif plus important et systématique et une collaboration sans précédent des autorités séculières et ecclésiastiques : les capitulaires du souverain chrétien se caractérisent par la création de lois contre la sorcellerie. La société tout entière est affectée par la crainte de ces maléfices, ainsi que l'on le voit fort bien jusqu'au sommet de l'Empire à l'occasion de l'affaire retentissante du "divorce" de Lothaire II (857), qui permet de dénoncer plus généralement "les femmes qui font naître une haine irrémédiable entre un mari et son épouse au moyen d'un maléfice" et la croyance à des êtres surnaturels et diaboliques, les striges, les lamies et les dusii - les démons incubes - avec lesquels certaines femmes sont convaincues d'avoir fait l'amour. Mais, concluent les clercs, ce ne sont là que des fantasmes diaboliques dont seuls peuvent libérer les exorcismes ecclésiastiques.
......Pendant toute cette période, c'est sous le signe des "fantasmes (fantasmata) qu'est en effet placée la sorcellerie, ou encore sous le signe des "illusions" (illusiones) diaboliques. Bien sûr, le diable existe réellement et ses complices, les sorcières et sorciers qui en se soumettant à lui commettent d'abominables péchés, peuvent réellement nuire et tuer. Mais le pouvoir du diable consiste surtout à faire croire en de "vaines imaginations" qu'il introduit dans l'esprit des hommes et plus encore des femmes, et surtout dans leurs rêves quand ils dorment ; au réveil ou grâce aux exorcismes ecclésiastiques, ces images qui paraissaient si réelles se révèlent n'être que des illusions. Au début du Xe siècle, le canon Episcopi, promulgué par l'évêque Reginon de Prüm (qui l'attribua à tort au synode d'Ancyre de 314), constitue la "charte" de cette théorie du fantasme diabolique, que reprendra et amplifiera un siècle plus tard l'évêque Burchard de Worms (Corrector sive Medicus), puis qu'intègre Gratien dans le droit de l'Église (le droit canonique) vers 1140 (Décret[:i], II, C. XXVI, XII). Une expulsion des église doit se faire par les prêtres des "petites femmes" ([i]mulierculae) qui, victimes des "illusions et fantasmes des démons", prétendent à tort chevaucher la nuit avec les démons, à la suite de Diane "déesse des païens" ou encore, ajoute Gratien, d'Hérodiade (dont on se souvient de la responsabilité dans la mort de saint Jean-Baptiste). C'est par hasard, une législation synodale du XIe siècle, qu'est attestée cette croyance au vol nocturne dans les airs, qui avait certainement des racines anciennes et très profondes dans la culture européenne, antérieurement même au christianisme. Carlo Ginzburg les a recherchées dans les croyances chamaniques qui, attestées à des époques diverses dans l'ensemble du continent eurasiatique, réglaient les échanges entre le monde des vivants et le monde des morts. Il voit dans les récits qui émergent de manière discontinue dans la documentation d'époques et de pays divers, la "matrice" de la croyance au sabbat des sorcières, telle qu'elle éclôt au XVe siècle, fruit d'un "compromis" entre ces antiques croyances populaires et les représentations savantes forgées à l'âge scolastique. Le canon Episcopi est l'une des plus anciennes attestations de ces traditions, mais non moins remarquables sont la postérité et les réinterprétations de ce texte : abandonnant l'idée d'un pur fantasme, nombre de démonologues et juges ecclésiastiques et laïques vont en effet, à partir de la fin du Moyen Âge, adhérer eux-même à l'idée objective du vol nocturne des sorcières afin de convaincre celles-ci d'une participation effective au rituel démoniaque du sabbat.


Genèse de la "chasse aux sorcières"

......Dès le commencement du XIIIe siècle, les procédures judiciaires de l'Église à l'encontre des hérétiques évoluent, chose importante à prendre en compte. En 1215, par le concile du Latran IV les évêques sont engagés à poursuivre plus intensément les hérétiques, notamment des cathares. Mais, les résultats de cette décisions étant jugés encore insuffisants, le Pape assez vite se réserve la poursuite des hérétiques et institue pour cela une procédure et bientôt même un tribunal distinct des cours judiciaires ecclésiastiques et laïques : l'Inquisition. Grégoire IX franchit un premier pas dans ce sens dès 1231 ; en 1233, le soin de poursuivre les hérétiques au nom du Saint-Siège est confié aux ordres mendiants récemment créés, spécialement aux Dominicains. Vont donc de paire centralisation pontificale et aggravation de la déviance en matière de foi. Comme conséquence de cela, les inquisiteurs se voient rapidement étendre leurs compétences. En 1258-1260, ils se voient confier par le pape Alexandre IV, outre les cas d'hérésie, les cas de "sortilèges et divinations ayant saveur d'hérésie". Vers 1270, la Somme de l'office d'Inquisition, composée dans l'entourage de l'évêque Benoît de Marseille, contient tout un chapitre à "la forme et la manière d'interroger les augures et les idolâtres". Par rapport à l'ancienne procédure accusatoire, la procédure inquisitoire, qui s'impose peu à peu et se diffuse également dans les tribunaux laïques, apparaît d'une efficacité redoutable. Cultivant le secret, l'impunité est assurée aux dénonciateurs qui, dans l'ancienne procédure, étaient au contraire confrontés à ceux qu'ils avaient dénoncés et risquaient ainsi d'être à leur tour accusés si leur mauvaise foi était découverte ; parfois, ils devaient même affronter leur adversaire dans une ordalie ou "jugement de Dieu". Dans la nouvelle procédure, le juge n'est plus à l'affût d'un signe divin qui dise la vérité : il attend la vérité de l'aveu de l'accusé, qu'il cherche à lui extorquer sous la torture. Le retour de la torture dans les pratiques ordinaires de la justice est directement lié à la généralisation de l'Inquisition. Sa première utilisation régulière est attestée par les statuts de la cité de Vérone en 1228. L'Église l'adopte officiellement en 1252 n complément de la procédure inquisitoire. Elle est l'empreinte d'une totale appropriation de la justice par les hommes, qui, là comme ailleurs, commencent à mieux séparer la sphère humaine (ou naturelle) de la sphère divine. Sans l'Inquisition et la torture, le thème de la sorcellerie n'aurait pas connu en Europe le développement qui a été le sien à partir de la fin du Moyen Âge. On peut même dire que, à terme, sans l'Inquisition et la torture, la "chasse aux sorcières" ne se serait vraisemblablement pas déclenchée. La preuve a contrario en est donnée par l'Angleterre où la sorcellerie fut comme ailleurs poursuivie, mais où les institutions judiciaires connurent, avec le jury, une évolution différente de celle du continent. Or, de même que l'Angleterre put faire l'économie de l'Inquisition et de la torture, elle ignora les outrances de la croyance au sabbat.
(SUITE DANS POST SUIVANT)

Réf. bibl. : Art. SCHMITT (J.-C.), Sorcellerie dans LE GOFF (J.) et SCHMITT (J.-C.), Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, s.l. [Paris], 1999, p. 1085-1096.

BLAUERT (A.), Frühe Hexenverfolgungen : Ketze-, Zauberei- und Hexenprozesse des 15. Jahrhunderts, Hambourg, 1989.
CARDINI (F.), Magia, stregoneria, superstizioni nell'Occidente medievale, Florence, 1979.
COHN (N.), Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Âge. Fantasmes et réalité, [1975], Paris.
FAVRET-SAADA (J.), Les Mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le boccage, Paris, 1977.
GINZBURG (C.), Les batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires en Frioul, XVIe-XVIIe siècle, [1966], 1980.
ID., Le sabbat des sorcières, [1989], Paris.
HANSEN (J.), Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des Hexenswahus und der Hexenverfolgung im Mittelalter, Bonn, 1901.
INSTITOR (H.) et SPRENGER (J.), Le marteau des sorcières, [1487], présentation et traduction par Armand Danet, Paris, 1973.
KIECKHEFER (R.), Magic in the Middle Ages, Cambridge, 1990.
ID., Forbidden Rites. A Necromancer's Manual of the Fifteenth Century, Poenix Mill, 1997.
LEVACK (B. P.), La grande chasse aux sorcières en Europe au début des Temps modernes, [1978], Seyssel.
MICHELET (J.), La Sorcière, s. d. [1862], Paris.
Art. OSTORERO (M.), "Folâtrer avec les démons". Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1449), dans Cahiers lausannois d'histoire médiévale, n° 15, Lausanne, 1995.
PARAVY (P.), A propos de la genèse médiévale des chasses aux sorcières : le traité de Claude Tholosan, juge dauphinois (vers 1436), dans Mélanges de l'École française de Rome, n° 91, 1979, p. 333-379.
ID., De la Chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Évêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530), 2 vol., Rome, 1993.
RUSSEL (J. B.), Witchcraft in the Middle Ages, Ithaca, 1972.
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MessageSujet: Re: Sorcellerie en Europe médiévale   Sorcellerie en Europe médiévale Icon_minitimeLun 22 Sep 2008 - 19:39

......Les premiers infléchissements attestables au XIIIe siècle sont en relation avec l'évolution de la théologie, qui à cette époque, dans le cadre des écoles puis de l'Université, dont muent complètement les méthodes et son cadre conceptuel. Grâce à une réflexion renouvelée sur le Mal et le diable, les théologiens et les inquisiteurs, formés à la même école, sont dotés d'une grille conceptuelle leur permettant de comprendre et d'agir : vers 1230, par exemple, le théologien et évêque de Paris Guillaume d'Auvergne s'interroge longuement dans son traité De Universo sur les incubes et les succubes et la réalité de leurs relations sexuelles avec les humains. Peu après, Thomas d'Aquin explore la question du pacte "tacite" ou même "exprès" que Satan pourrait conclure avec ses émules, au moment même où la littérature pieuse et l'iconographie des manuscrits et des vitraux diffusent la légende, d'origine orientale, du Miracle de Théophile, ce moine qui aurait conclu un pacte écrit en bonne et due forme avec le diable, mais qui en aurait été finalement délivré par la Vierge. Ces questionnements procèdent d'une remise en cause profonde de la conception du monde qui avait prévalu depuis saint Augustin : à une conception unifiée du monde comme création de Dieu, où tous les phénomènes (qu'ils relèvent du cours de la nature ou paraissent le contredire dans le miracle) étaient ramenés immédiatement au principe unique de la puissance divine, se substitue dans la pensée savante, sous l'influence de la redécouverte de la philosophie naturelle d'Aristote, l'idée d'un partage plus affirmé entre la "Nature", à laquelle est reconnu un certain degré d'autonomie, et le "surnaturel", que celui-ci soit divin ou diabolique. Le diable tire tout particulièrement profit de cette séparation croissante : s'il reste entendu qu'il est toujours subordonné à Dieu et ne saurait en aucune manière -sauf cas d'hérésie dualiste - prétendre au rang de deuxième Créateur, il acquiert une plus grande liberté d'action dans le rôle du manipulateur maléfique des opérations de la Nature, et plus seulement dans celui du faussaire habile à égarer l'imagination des hommes. plus que par le passé, les théologiens, relayés par les médecins, se penchent avec angoisse sur les pouvoirs qu'ils attribuent aux démons (et par délégation à leurs complices humains qui leur ont fait "hommage") : pouvoir de la métamorphose et plus encore pouvoir d'engendrement des démons succubes et incubes, qui, selon saint Thomas repris par les démonologues, prélèvent le sperme des hommes pour inséminer les femmes à l'insu de celles-ci. Cette face noire des relations avec le surnaturel n'est pas séparable de l'évolution contemporaine de son versant positif, marquée par la définition plus précise du miracle, une réflexion plus intense sur les sacrements, le développement du culte eucharistique, l'affirmation du dogme de la Présence réelle, lui aussi solennellement proclamé par le concile du Latran de 1215. Le lien entre les deux faces du "surnaturel" est d'autant plus étroit que, sorti du cercle étroit des théologiens, l'hostie est perçue comme un "objet magique" qui, tout aussi bien, fait des miracles et se prête aux sortilèges ; pareillement, l'obligation, sans cesse rappelée par les prédicateurs, de croire en la réalité de la Présence du corps du Christ sous les apparences du pain et du vin a pu ne pas semble fort éloignée de la croyance en la réalité de la métamorphose du diable en animal ou du vol nocturne des sorcières.
......Décisives furent ensuite les premières années du XIVe siècle pour le rapprochement et parfois la rencontre de plusieurs facteurs jusqu'alors dissociés, mais qui allaient se fondre peu à peu dans le "stéréotype" (N. Cohn, C. Ginzburg) de la sorcellerie moderne. La traque des hérétiques, qu'il s'agisse des derniers cathares pyrénéens (l'évêque de Pamiers et inquisiteur Jacques Fournier, futur pape Benoît XII, enquête dans la région de Montaillou entre 1318 et 1325) ou des vaudois, réfugiés dans le Dauphiné et les Alpes, ou encore de nouvelles "sectes" comme le Libre-Esprit dans les régions du Rhin, ne perd ni de sa virulence, ni surtout de son pouvoir de susciter l'angoisse des autorités ecclésiastiques, à une époque où toutes les résurgences du Mal sont volontiers interprétées comme des signes apocalyptiques de l'approche de l'Antéchrist. Face aux dangers qui semblent menacer toujours plus la Chrétienté et l'Église, l'arme de l'Inquisition s'affine : vers 1324, Bernard Gui achève sa Pratica officii inquisitionis, augmentée et précisée une cinquantaine d'années plus tard par le Directorium inquisitionis de l'inquisiteur catalan Nicolau Eymerich (Avignon, vers 1376). La procédure, la manière de mener les interrogatoires et en particulier la "question" - la torture - font l'objet d'un luxe croissant de détails. Les hérétiques sont concernés au premier chef, mais le soupçon s'étend de façon de plus en plus insistante aux "voyants et devins" et autres "démonolâtres et invocateurs du diable".
......Dans les manuels des inquisiteurs, les sorciers voisinent aussi avec les "chrétiens adhérant au judaïsme, juifs convertis puis rejudaïsants". Car la persécution des Juifs, avec son cortège de fantasmes, s'ajoute, dès le milieu du XIIIe siècle, aux premières obsessions meurtrières de la société médiévale. Les Juifs sont notamment accusés de connivence avec les lépreux, qui de leur côté sont massacrés en 1321 par les pastoureaux sous prétexte qu'ils auraient empoisonné les puits. Même si tous les fils ne se rejoignent pas explicitement (par exemple entre les accusations portées contre les Juifs et celles qui de plus en plus nombreuses visent les sorciers), il est sûr que l'exclusion sociale, l'obsession de la pollution physique, du sexe, du sang, de l'animalité, du pouvoir du diable ont conjugué leurs effets au cours du XIVe siècle pour renforcer la crainte des maléfices et parachever le stéréotype de la sorcellerie.
......Mais cet ensemble de facteurs ne s'est cristallisé de la sorte que parce que, simultanément, la croissance des institutions politiques et administratives souvent rivales - ecclésiastiques et séculières, royales et pontificales - a permis de désigner des contre-pouvoirs, fussent-ils imaginaires, en assurant à la répression une efficacité d'autant plus redoutable. Le conflit entre Philippe le Bel et le pape Boniface VIII a servi de cadre, dès 1300, à plusieurs affaires retentissantes. Face aux légistes du royaume, qui s'efforcent de fonder la théorie d'un État souverain indépendant de tout contrôle ecclésiastique, le pape entend défendre les principes anciens de la primauté du spirituel et menace le roi d'excommunication. Après la mort soudaine du pape, en 1303, le roi veut ouvrir le procès posthume de Boniface VIII accusé d'avoir entretenu des rapports avec plusieurs démons. Des accusations semblables sont utilisées dans les mêmes années contre l'évêque de Troyes, Guichard, soupçonné d'avoir voulu attenter par des maléfices la vie de la reine Jeanne. Mais la principale affaire concerne les chevaliers du Temple, brutalement arrêtés dans tout le royaume en 1307, accusés d'être renégats, de cracher sur la croix, d'idolâtrer une Tête diabolique, de se livrer à la sodomie. Plus de soixante d'entre eux sont brûlés, dont le grand maître Jacques de Molay, et l'ordre est supprimé (1310-1314).
......De son côté, le pape d'Avignon Jean XXII ne se comporte pas différemment : vivant dans l'obsession du poison et des sortilèges, il fait exécuter l'évêque de Cahors Hugues Géraud, qu'il accuse d'avoir voulu l'empoisonner.
......Un trait récurrent de plusieurs de ces affaires concerne le rôle qu'y jouent l'argent, la richesse, la monnaie et la fausse monnaie. Cela est évident dans le cas des Templiers, qui font office de trésoriers du roi et sont depuis longtemps soupçonnés de malversation. L'évêque de Troyes avoue lui aussi des crimes de concussion, et il aurait tenté, avec l'aide du diable, de fabriquer de la fausse monnaie. Les questions financières et fiscales, les mutations monétaires sont alors au centre des préoccupations de l'administration royale et de l'exercice du pouvoir monarchique. Banalisés comme instruments de paiement, l'or et l'argent gardent pourtant leur pouvoir de fascination et semblent de quelque manière se rattacher au sacré. L'attirance contemporaine pour l'alchimie, science de la transmutation des métaux vils en or ou en argent, s'explique autant par le désir de pénétrer les arcanes d'un savoir occulte que par le désir de richesse. Et les tenants d'une magie "rationnelle", tels que le franciscain d'Oxford Roger Bacon, le grand savant Michel Scot à la cour panormitaine de l'empereur Frédéric II, Arnaud de Villeneuve (issu d'une famille de Juifs convertis de Catalogne), peinent à se défendre de céder aux séductions de la "magie noire".
......Un nouveau tournant est pris vers 1430, avec une concentration sans précédent, dans l'espace et le temps, de toute une série de traités démonologiques et aussi de procès en sorcellerie qui ne visent plus des individus isolés mais des groupes, alors que s'impose l'idée que sévit une "secte" des sorciers. La région concernée est avant toute autre le versant occidental de l'arc alpin, depuis Grenoble jusqu'à Bâle. Plusieurs raisons doivent expliquer le rôle précurseur de ces régions, mais parmi elles la tenue du concile de Bâle de 1431 à 1449 fut certainement primordiale : on y appela à la Réforme de l'Église et donc à une plus grande discipline dans la société chrétienne ; on voulut extirper, avec les racines du Schisme, tous les maux qui, à l'instigation du diable et de ses suppôts (les hérétiques hussites, mais aussi les sorciers), paraissaient miner l'Église depuis un demi-siècle ou plus. Par ailleurs, dans un concile œcuménique, les idées circulent et s'échangent, les hommes se rencontrent : on trouve là le dominicain Jean Nider, auteur du Formicarius vers 1435-1437, qui fait une large place à la sorcellerie ; et aussi le secrétaire de l'antipape Félix V, Martin le Franc, prévôt du chapitre de Lausanne, qui consacre aux sorcières une partie de son Champion des Dames (1442) ; il nie qu'elles se rendent réellement à travers les airs, montées sur des bâtons, à leur "synagogue" (qu'on n'appelle pas encore le sabbat). Dans la même région sont publiés, vers 1430-1440, l'anonyme Errores gazariorum et, vers 1436, le traité du juge-mage du Briançonnais Claude Tholosan, Ut magorum et maleficiorum errores. La même région connaît aussi, dès 1397, une première flambée massive de persécution : celle des "vaudois", nom donné ici aux sorciers. A Fribourg, en Suisse, on observe bien le glissement du grief d'hérésie (procès de 1429 et 1430) vers celui de sorcellerie (procès de 1438 et 1442). Dans le pays de Vaud, les procès de sorcellerie commencent vers 1420 puis se reproduisent en 1438, 1441, 1448, 1479-1482 et 1498. Dans le Haut-Dauphiné, où sévit Claude Tholosan, pas moins de 363 noms d'inculpés nous sont parvenus, près des trois quarts pour la période 1424-1446. Selon les estimations de Pierrette Paravy, 83 % des personnes jugées coupables furent condamnées à mort, le plus souvent au bûcher, secondairement à la pendaison, parfois à la noyade. Le grief ancien de maleficium - le maléfice par des poudres ou le contact du vêtement ou du corps, qui provoque l'impuissance des maris et la stérilité des femmes - est toujours présent, mais il cède une place croissante au grief d'apostasie, au thème de l'hommage rendu à Satan, de la "synagogue" et des orgies alimentaires et sexuelles. Or, le juge n'est pas isolé dans son action : les communautés villageoise lui prêtent main-forte contre ceux et celles qu'elles accusent de les empoissonner et qui ne vivent pas toujours, loin s'en faut, sur les marges de la société.
......Tout se passe comme si les positions acquises dans le premier tiers du siècle dans le sillage du concile de Bâle s'étaient consolidées et diffusées plus largement à partir du milieu du siècle. De nouvelles régions sont concernées aussi bien par les procès de sorcellerie que par la publication de nouveau traités de démonologie : en 1458, le dominicain Nicolas Jacquier publie le Flagellum haereticorum fascinariorum, dans lequel il insiste sur la nouveauté irréductible de la "pire des hérésies". D'autres pays sont désormais largement touchés par le débat : l'Espagne, avec le théologien franciscain de Salamanque Alphonse de Spina (Fortalicium fidei contra Iudeos, Sarracenos aliosque christianae fidei inimicos de 1464-1467) ; l'Italie, avec le cardinal Giovanni di Torquemada (dans son commentaire du Décret de 1445) puis l'inquisiteur de Gênes Raffaele di Pornassio (De arte magica, vers 1450), Episcopi. Citons aussi vers 1460 le Tractatus de secta vaudensium de Jean Tinctor de Tournai, recteur de l'université de Cologne, puis surtout, en 1490, le Flagellum maleficarum du théologien de Poitiers Petrus Mamor, qui serait le premier auteur à utiliser le terme "sabbat".





Réf. bibl. : Art. SCHMITT (J.-C.), Sorcellerie dans LE GOFF (J.) et SCHMITT (J.-C.), Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, s.l. [Paris], 1999, p. 1085-1096.

BLAUERT (A.), Frühe Hexenverfolgungen : Ketze-, Zauberei- und Hexenprozesse des 15. Jahrhunderts, Hambourg, 1989.
CARDINI (F.), Magia, stregoneria, superstizioni nell'Occidente medievale, Florence, 1979.
COHN (N.), Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Âge. Fantasmes et réalité, [1975], Paris.
FAVRET-SAADA (J.), Les Mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le boccage, Paris, 1977.
GINZBURG (C.), Les batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires en Frioul, XVIe-XVIIe siècle, [1966], 1980.
ID., Le sabbat des sorcières, [1989], Paris.
HANSEN (J.), Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des Hexenswahus und der Hexenverfolgung im Mittelalter, Bonn, 1901.
INSTITOR (H.) et SPRENGER (J.), Le marteau des sorcières, [1487], présentation et traduction par Armand Danet, Paris, 1973.
KIECKHEFER (R.), Magic in the Middle Ages, Cambridge, 1990.
ID., Forbidden Rites. A Necromancer's Manual of the Fifteenth Century, Poenix Mill, 1997.
LEVACK (B. P.), La grande chasse aux sorcières en Europe au début des Temps modernes, [1978], Seyssel.
MICHELET (J.), La Sorcière, s. d. [1862], Paris.
Art. OSTORERO (M.), "Folâtrer avec les démons". Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1449), dans Cahiers lausannois d'histoire médiévale, n° 15, Lausanne, 1995.
PARAVY (P.), A propos de la genèse médiévale des chasses aux sorcières : le traité de Claude Tholosan, juge dauphinois (vers 1436), dans Mélanges de l'École française de Rome, n° 91, 1979, p. 333-379.
ID., De la Chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Évêques, fidèles et déviants (vers 1340-vers 1530), 2 vol., Rome, 1993.
RUSSEL (J. B.), Witchcraft in the Middle Ages, Ithaca, 1972.
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Sablelon

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MessageSujet: Re: Sorcellerie en Europe médiévale   Sorcellerie en Europe médiévale Icon_minitimeLun 22 Sep 2008 - 19:44

......Entre-temps, le pape est entré lui-même dans le débat : le 5 décembre 1484, Innocent VIII, par la bulle Summis desiderantes, confie à Jacobus Sprenger et à Henricus Institor, deux théologiens et inquisiteurs dominicains de Cologne, le soin d'extirper le mal dans la vallée du Rhin. Il fait état des obstacles rencontrés par les deux juges dans la région de la part de juridictions locales jalouses de leurs prérogatives : une centralisation de la procédure entre les mains des deux inquisiteurs pontificaux semble donc urgente. Selon le pape, les crimes imputés aux sorciers et sorcières sont de trois types : il leur est reproché de s'être "livrés eux-mêmes aux démons incubes et succubes" ; de commettre un nombre considérable de maleficia ; enfin, de renier la foi chrétienne.
......En 1486, les deux dominicains publient leur volumineux Malleus maleficarum (Le Marteau des sorcières) qui compile tout le savoir démonologique accumulé au fil des siècles, décrit les pratiques et les méfaits des sorcières contemporaines, et s'applique à énumérer les mesures radicales à prendre pour éradiquer le mal. Comme le proclament d'entrée de jeu les deux auteurs, l'Église est confrontée à l'"hérésie des sorcières". La nouveauté du traité tient d'abord à son caractère massif et systématique, qui fait de lui la véritable somme scolastique sur la sorcellerie. Elle tient ensuite à sa misogynie, explicite dès le titre : même s'il existe des sorciers, les coupables seraient avant tout des femmes ; c'est la femme qui est visée, à l'exception d'une seule, la Vierge Marie, que les auteurs appellent la "Femme immense". La persécution des sorcières apparaît ainsi comme l'envers du culte croissant de la Vierge (notamment la Vierge du Rosaire). Non moins claire et décisive est la réfutation, ou plutôt la réinterprétation longuement argumentée du canon Episcopi : Sprenger et Institor admettent que le diable puisse "faire croire" au transport des corps, mais ils estiment que ce dernier a aussi le pouvoir de le produire. Un dernier trait remarquable du Malleus est, à la faveur de l'invention contemporaine de l'imprimerie, son immense et rapide diffusion : quinze éditions se succèdent entre 1486 et 1520, seize entre 1574 et 1610, trois encore entre 1660 et 1669. Dès 1497, toutes ces éditions, ou presque, paraissent dans le format in-octavo, ce qui a fait dire à Jules Michelet que le Marteau des sorcières était le "livre de poche" des inquisiteurs. On estime à plus de 30 000 le nombre des exemplaires mis ainsi en circulation, ce qui rend vraisemblable l'hypothèse d'une influence de cet ouvrage sur le déclenchement de la "chasse aux sorcières". Pourtant, en dépit des arguments pesants du Marteau des sorcières, des voix s'élèvent encore pour mettre en doute la réalité du sabbat, à défaut de disculper totalement les sorcières. C'est le cas en 1489 d'Ulrich Molitor, professeur à Constance et auteur d'un Tractatus de lamiis et pythonicis mulieribus

Réf. bibl. : Art. SCHMITT (J.-C.), Sorcellerie dans LE GOFF (J.) et SCHMITT (J.-C.), Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, s.l. [Paris], 1999, p. 1085-1096.

BLAUERT (A.), Frühe Hexenverfolgungen : Ketze-, Zauberei- und Hexenprozesse des 15. Jahrhunderts, Hambourg, 1989.
CARDINI (F.), Magia, stregoneria, superstizioni nell'Occidente medievale, Florence, 1979.
COHN (N.), Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Âge. Fantasmes et réalité, [1975], Paris.
FAVRET-SAADA (J.), Les Mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le boccage, Paris, 1977.
GINZBURG (C.), Les batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires en Frioul, XVIe-XVIIe siècle, [1966], 1980.
ID., Le sabbat des sorcières, [1989], Paris.
HANSEN (J.), Quellen und Untersuchungen zur Geschichte des Hexenswahus und der Hexenverfolgung im Mittelalter, Bonn, 1901.
INSTITOR (H.) et SPRENGER (J.), Le marteau des sorcières, [1487], présentation et traduction par Armand Danet, Paris, 1973.
KIECKHEFER (R.), Magic in the Middle Ages, Cambridge, 1990.
ID., Forbidden Rites. A Necromancer's Manual of the Fifteenth Century, Poenix Mill, 1997.
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RUSSEL (J. B.), Witchcraft in the Middle Ages, Ithaca, 1972.
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