Présentation de l'hopital

Le temps était froid et vif en ce début d’après midi d’automne. Une fine couche de neige recouvrait déjà le sol et les nuages blancs et cotonneux ne laissaient rien présager de bon pour le reste de la journée. Asa s’avançait d’un pas mesuré tenant par la bride un âne gris clair. Elle parcourait les chemins du Lyonnais Dauphiné depuis l’aube mais elle ne ralentissait ni n’accélérait le rythme qu’elle s’était fixée. L’animal par contre, croulait sous le poids de lourdes malles de bois ouvragées et avançait péniblement suivant sa maîtresse. Sa cape de voyage ondulant sur le sol poussiéreux, la jeune femme arriva enfin devant les portes de l’hôpital. C’était un bâtiment impressionnant tant par son étendue que par sa splendeur. Elle s’arrêta hébétée et observa un moment les lieux. Sa bouche légèrement entrouverte laissa échapper un sifflement. Elle fit s’approcher son porteur et lui flatta l’encolure distraitement.

« Hé bien Nana…tu as vu cela ? Cela est splendide… »

*Est-ce réellement un lieu pour moi ?*

Elle soupira, secouant la tête et fit quelques pas.

« Bon allons y »

Ses pas résonnèrent sur le sol parfaitement dallé. Elle se mordillait la lèvre comme à son habitude. Elle espérait trouver quelqu’un qui pourrait l’aider car elle se sentait perdue et pas à sa place dans ce magnifique lieu. Soudain, elle vit une grande porte de bois relevée par différents métaux. Elle s’en approcha et la poussa. Elle entra alors dans une salle immense dont les murs s’ouvraient sur des vitraux de toutes les couleurs, comme les vitraux d’une église. Elle resta un moment ébahie et fit un petit signe à son âne resté dehors. Elle se tint devant un comptoir de bois de rose polie et verni. Elle y posa les mains et chercha des yeux une silhouette.

« Le bon jour. Je suis Asa, herboriste et guérisseuse de Montélimar. Je viens suite à vostre annonce faite dans le village. »

Elle attendit patiemment observant émerveillée le lieu où elle se trouvait.

Cela faisait peu de temps que Asa patientait, les mains croisées sur le bois du comptoir. Elle observait avec curiosité et émerveillement la salle tout autour d’elle. La lumière tombait sur le sol immaculé et y rebondissait doucement. Les hauts murs étaient couverts de chaux vive et de tentures. La jeune femme hocha la tête et un sourire se peignit lentement sur ses lèvres.

*Voilà un bien bel endroit en vérité…*

Soudain, une dame aux longs cheveux bruns et qui semblait bien connaître les lieux s’avança vers elle un sourire sur le visage. Elle semblait chaleureuse et accueillante. Asa lui rendit son sourire et attendit qu’elle se présente. Cependant, la dame inconnue ne le fit pas mais entraîna Asa à sa suite, lui donnant déjà des indications sur son travail en ces lieux. L’herboriste s’empressa donc de la suivre, se demandant si elle devait ou non abandonner Nana derrière elle. Elle marqua une hésitation, lança un regard à son âne, vit la femme s’éloigner d’un pas tranquille, discutant toujours. Ces pensées fusèrent, ne chassant pas quoi faire. Elle mordilla par anxiété sa lèvre, en son geste habituel puis finit par se précipiter à la suite de la dame.

*Il vaudrait mieux la suivre. Je m’occuperais de Nana plus tard…*

Elle se força alors d’écouter les indications de la dame qui la précédait désormais dans un couloir lumineux. Elle la suivait à grands pas, tenant d’une main sa lourde cape ainsi que le bas de sa robe qui ondulaient sur le sol.

Dame Altéa s’était absentée pour quelques jours et avait demandé à Asa de s’occuper de l’hôpital jusqu’à son retour. La jeune femme avait donc reçu les clés de ce magnifique endroit et passait ses journées à l’explorer de fond en comble. Ce matin là, elle se trouvait dans les alentours du hall d’entrée. La neige tombait en fins flocons au dehors et recouvrait les vitraux d’un léger voile blanc. La jeune femme enroulée dans une cape immaculée s’était arrêtée à une fenêtre et observait d’un regard gris penseur l’extérieur.

*Quel temps magnifique…*

Elle soupira secouant doucement la tête. Ces souvenirs d’un ancien temps lui revenaient par vague la plongeant dans une éthérée mélancolie. Elle reprit donc son chemin se dirigeant vers l’entrée. Perdue dans les méandres de son esprit, elle ne remarqua pas tout de suite qu’un homme s’y trouvait, scrutant les alentours à la recherche de quelque personne pour le renseigner. Soudain, il fit un pas et ses talons claquèrent sur le sol dallé. Asa releva alors la tête sortant du brouillard du passé. Un sourire se dessina sur ses lèvres rosées et elle se dirigea vers lui. Arrivée à sa hauteur, elle le détailla un court instant relevant sa stature imposante. Elle s’inclina alors en une jolie révérence, baissant respectueusement le regard. Au passage, elle lissa le devant de sa robe crème.

« Le bon jour Messire. Je suis Asa responsable durant l’absence de Dame Altéa des lieux. Puis je vous estre utile d’une quelconque manière ? »

Elle se releva, lui souriant et l’observant avec curiosité. Il n’avait pas l’air d’un homme du peuple et l’assurance certaine qu’ont les grands des royaumes, émanait de lui. Elle baissa à nouveau les yeux humblement.

Asa observait avec discrétion les mouvements de l’homme qui se trouvait face à elle. Il portait en lui une grâce certaine qui se ressentait dans tous ces gestes. Les lèvres de la jeune femme s’étirèrent en un sourire. Mais se rendant compte que sa tenue n’avait rien de convenable, elle secoua imperceptiblement la tête, ses joues rosissant légèrement. Ces idées chassées de son esprit, elle reporta son attention sur ce que l’homme était en train de lui dire. Elle acquiesça et sourit franchement, s’inclinant de nouveau.

« C’est avec un grand plaisir que je vous montrerais les lieux, Messire Demons. Il est vrai que l’hospital est si étendu qu’il est aisé de s’y perdre. »

Une seconde personne arriva à son tour dans le hall d’accueil. Le sourire d’Asa se fit plus prononcé et chaleureux. Elle s’inclina à nouveau.

*Cela est plaisant à voir que les lieux se remplissent.*

Elle se tourna vers l’homme et tendant la main vers des fauteuils qui se trouvaient à proximité.

« Messire, si vous vouliez bien patienter un court instant. Je vous en serais fortement gréée. »

Elle lui sourit puis s’adressa à la Dame.

« Le bon jour ma Dame. Je me présente, Asa responsable durant l’absence de Dame Altéa des lieux. Puis vous estre d’aucun secours ? »