Arrivée du Gouverneur

Précédé de deux gardes aux couleurs sombres, le Gouverneur entra dans le petit salon. Son escorte vint se figer à l'entrée de la pièce, côté extérieur. Ils refermèrent les portes.

Ma chère Lhise ! Dit-il en arrivant à la hâte, souriant. Il vint prendre sa main pour y déposer un baiser...
Je suis désolé que l'on vous ai fait tant attendre, j'étais avec mes conseillers..enfin, ceux qui me sont encore fidèles..Dit-il d'un ton semi-ironique, semi-agacé

Je suis ravi de vous voir en ces lieux, cela faisait tellement longtemps que je l'espèrais. Puis-je vous proposer quelques agrééments ? Ajouta-t-il en souriant

Lhise ferma les yeux au moment où le Gouverneur déposa un baiser sur sa main, ça faisait longtemps, trop longtemps qu'elle n'avait plus senti ses lèvres sur sa peau.

Morgennes, je suis également ravie d'être ici.
Pour les friandises, je veux bien, qu'avez-vous à me proposer ?

Ooops, je viens de penser... j'ai oublié Chouchou !
Je vais le chercher, je peux ?

Morgennes la regarde, l'air interrogatif

Chouchou ? Qui est-ce donc ?

Pour les friandises, je peux vous proposer des petits gâteaux, des petites friandises chocolatées de notre brave Grégoire, accompagnés d'un vin sucré de chez nous. Cela vous convient ?

Je ne vous avais pas encore parlé de Chouchou ? Vous êtes sûr ?
J'étais persuadée que si !

Chouchou c'est mon chat, un adorable matou qui n'est d'ailleurs adorable qu'avec sa maîtresse.

Petites friandises chocolatées, si elles ne sont pas trop rassies -parce que Grégoire ça date hein !- et un vin sucré, ça m'ira très bien, merci.

Je reviens... je vais chercher Chouchou.

Lhise revient quelques minutes plus tard, accompagnée de son panier en osier contenant Chouchou.

Voilà, c'est bon, je l'ai retrouvé.
Vous permettez que je le sorte de son panier ?

Le Gouverneur se tenait dans la pièce, un valet déposant un plateau en argent, remplit de friandises dans des petites coupes en bois, une carafe de vin et deux coupes. La valet sortit quand le Gouverneur sourit en voyant Lhise revenir.

Naturellement, mais qu'il n'aille pas partout simplement...Vous voulez le confier à nos gens ? Ils lui donneront un peu de lait en cuisine.

C'est vraiment grand plaisir de vous voir ici, vous savez à quel point Autun me paraît si loin depuis Lyon. J'apprécie énormément que vous ayez fait le chemin. Êtes-vous venue pour affaires, ou pour autre raison ?[/i]

"... pour affaire ? et si j'osais" pensa Lhise

Combien de haches m'achetez-vous ?
Vous savez ces belles haches autunoises que vous regrettiez, il y a quelques temps, de n'avoir pu acheter qu'en six exemplaires...
Depuis, nous en avons mises de côté, spécialement pour vous. Maintenant, il faudrait me dire combien vous en voulez exactement.

Lhise fit un grand sourire à Morgennes avant de se baisser pour entrouvrir le panier en osier et libérer Chouchou dans la pièce.

Morgennes eut un rire en réflexe, la perche qu'il avait tendue ayant été prise somptueusement.

Vous savez ma chère, depuis ma visite, nous avons mis en route notre propre production de haches ! Et puis, à titre personnel, je souhaiterai bien dégager suffisament de fonds pour pouvoir un jour prétendre à l'Université. Quel rêve que de venir en Bourg..Il eut un instant d'hésitation, suivant des yeux le décolleté de Lhise quand elle libèra l'animal du panier...gogne, afin d'y enseigner, tel feu le beau Duc Caedes..Dit-il avec une insistance amusée...

Et n'y a-t-il que des haches pour vous donner l'envie de venir me voir ? Dit-il, le sourire ambigü aux lèvres

En l'entendant parler de Caedes, elle avait tourné la tête vers lui pour le regarder -Chouchou venait d'être libéré, le panier ne l'occupait plus-, elle s'était relevée sans dire mots pour le laisser terminer...

Morgennes !
Comme vous êtes...
Vous parlez de lui comme s'il était mort.
Vous me faites penser à Cosette. Vous devriez avoir honte.

S'approchant du plateau de friandises pour regarder de plus près ce qu'il contenait.

Je ne savais pas en tous cas que vous rêviez de venir enseigner en Bourgogne et sans vouloir vous contrarier, je vous préfère en acheteur de haches autunoises qu'en professeur émérite à l'Université de Bourgogne.

Pourquoi suis-je venue ici au fait ?!
Je ne sais plus tiens !
Ce n'est pas vous qui m'aviez invitée au départ ?

Allons ma douce amie, il n'y a point de mal à parler d'un disparu au passé...La Duchesse mère non plus, ne croit plus au retour de son époux.. Sa relation avec son éminence Jarkov a été rendue au grand jour, et je ne saurai lui en tenir rigueur... Quoiqu'il soit arrivé à notre ami Caedes, je serai toujours prêt à défendre son honneur et sa mémoire..Et s'il revient à faire valoir ses droits. Mais...en l'état actuel des choses, je ne saurai parler de lui comme un être présent tel que vous et moi... il lâcha un léger soupir, secouant la tête négativement..

Chassons ces tristes pensées de nos têtes et de nos coeurs pour l'instant. Et puis laissons de côté vos haches également ! Ce sont là affaires de commerce, et ce soir je ne tiens point à commercer avec vous. Dit-il en se rapprochant de Lhise. Il remplit les deux coupes, et en tendit une à Lhise

Buvons à votre venue ici, et parlons de ce que nous pouvons faire, vous et moi, pour la Bourgogne et le Dauphiné ! Il leva légèrement son verre

Pendant qu'il parlait de l'absence de Caedes, de la relation de Tsarine et Jarkov rendue publique, elle avait pris un air grave. Elle n'aimait pas entendre cela, en fait elle acceptait difficilement que son amie Tsarine roucoule déjà dans les bras d'un autre... Pour elle, ça entachait la mémoire de ce grand homme disparu.

Lhise accepta la coupe tendue. Tant pis pour les haches ! Sa tante pouvait s'y coller aussi, après tout, à cette vente. Pourquoi il n'y aurait qu'elle à se décarcasser pour les vendre ? Enfin, ça lui ferait plaisir tout de même de pouvoir annoncer à la Vicomtesse une promesse de vente. Elle ne s'avouait pas vaincue, elle reviendrait à la charge plus tard.

Elle imita le Gouverneur en levant légèrement son verre elle aussi et dit :

Au Dauphiné ! A la Bourgogne !

avant de porter la coupe à ses lèvres.

Mhmmm... Délicieux !
C'est quoi ? Je ne reconnais pas.