Réception du Roy d'armes

Dauphiné lui ayant demandé de recevoir le Roy d'armes en privé, le gouverneur avait fait préparer son salon, il eût peut-être été malvenu de le recevoir dans la cave... même si cette dernière était fournie en vins divers et variés...

Donc, le salon avait été fraîchement nettoyé et une bonne flambée permettait à la pièce d'être suffisamment accueillante et personne ne pourrait venir écouter aux portes, la jeune femme ayant fait poster des gardes un peu partout autour du dit-salon afin qu'ils ne fussent pas interrompus.

Une petite collation et quelques rafraîchissements avaient également été prévus... Arwel se tenait assise droite sur un fauteuil, attendant qu'on annonce l'arrivée de son visiteur et de Dauphiné. Alors qu'elle patientait, elle laissa aller ses pensées, se demandant ce que pouvait lui vouloir l'homme...

Nyna faisait les cent pas devant la porte du salon du gouverneur attendant le Roy d’Arme qui avait annoncé sa visite. Il commençait à faire froid dans les couloirs de Pierre-Scize et les murs pourtant épais n’épargnaient pas des rigueurs de l’hiver…

Elle était sur que sa grâce Arwel avait fait allumer la cheminée du salon et elle espérait qu’il ne tarderait plus maintenant.

Ils devaient tous les trois s’entretenir au sujet des seigneuries accordée pour leur fonction aux seigneurs militaires et qui d’après l’hérauderie royale n’étaient pas en conformités avec la loi héraldique.

Aussi Nyna était-elle allé de l’un à l’autre cherchant un consensus permettant pour le Lyonnais-Dauphiné, province du Dauphin, de garder sa coutume…

Difficile parfois de trouver une solution aux deux parties et il semblait que Montjoie lui-même se doivent d’intervenir…

Elle souffla sur ses doigts…

Bloqué par les congères ! Nan mais qu'est ce que c'est que ça, de la neige en décembre en Gévaudan. Bref c'est avec retard qu'il se présenta à Lyon, puis au Chateau. Il se fit conduire jusqu'un couloir dans lequel il vit Dalfinès qui faisait les cent pas. Le guide les laissa discuter.

Adissiatz, Dalfinès ! Fach pas caud, hé !

Désolé du retard, mais une tempête de neige a retardé mon passage enre Gavaudan et Vivarés... La plaine après ça allait.

Vous allez bien ?

Alors qu’elle se mettait à sautiller sur place, commençant à sentir ses muscles se tétaniser par le froid, Dauphiné vit arriver Legueux d'Alanha … il semblait pour le moins…trempé…

Le visage de la jeune femme s’éclaira en pensant à la grande cheminée…

Heureuse de vous voir ici Monjoie…Je vais bien merci…

Je crois que sa grâce nous attend… vous seriez-vous battus contre des congères ?

Si vous voulez bien me suivre, nous aurons plus chaud à l’intérieur…

Alors elle demanda au garde de les annoncer…ils franchirent la porte sous son œil inquisiteur… Nyna lui fit un sourire… histoire de voir si l’air du soldat se déridait un peu…que nenni…il prenait son rôle au sérieux…

Ils furent bientôt devant Arwel assise toute droite dans son fauteuil haut et étroit…ses boucles noires bien ordonnées comme à l’habitude. La couronne bien droite, tirée à quatre épingles…

Dauphiné s’inclina respectueusement devant son amie.

Votre Grâce…je vous présente Legueux d'Alanha, dict Montjoie, Roy d’Armes et Pair de France…

Elle s’effaça ensuite pour laisser place…

Son regard s’évada sur le petit pouf devant la cheminée… mais stoïque elle resta debout près du Roy d’Arme…

Arwel fut tirée de ses pensées par l'arrivée de Nyna et du Roy d'Armes. Ils avaient l'air frigorifiés... Elle se dépêcha d'expédier les civilités avec lesquelles elle n'était jamais très à l'aise :

Monjoie ?... Enchantée de vous rencontrer...

Un léger sourire et elle les invita à se réchauffer près de la cheminée. Elle attendit qu'ils se fussent remis du temps passablement mauvais qui régnait à l'extérieur puis posa la question qui la tarraudait depuis un moment :

Puis-je me permettre de vous demander ce qui me vaut le plaisir de votre visite ?

Elle fit un signe au domestique présent pour qu'il déplaçât deux confortables fauteuils devant la cheminée, attendit que Nyna et le Roy d'armes soient installés, ne pouvant véritablement masquer la légère inquiétude que cette visite avait provoquée en elle, depuis le moment où Dauphiné lui avait fait part de la volonté de messire Legueux de la rencontrer.