Informée que l'archevêque d'Embrun se présentait à l'Université à la recherche d'étudiant en théologie, Gabriel cessa toute activité immédiatement et s'empressa d'aller rejoindre le prélat que l'on avait fait patienter le temps d'aller chercher le Doyen.
Arrivant dans le hall d'entrée il découvrit à quoi ressemblait celle qui était à la tête de la province d'Embrun. Il la découvrait, et pour cause...
Monseigneur ! Quelle surprise de vous voir ici... Auriez-vous décider de venir enfin séjourner en votre province et de vous occuper de vos ouailles ?
Il n'était pas dans les habitudes de Gabriel d'outrepasser ainsi sa place et de lancer des piques, surtout à un prélat de l'Eglise, mais en l'occurrence, la femme devant lui avait perdu tout crédit et tout le respect qu'il aurait pu avoir à son égard par ses actions et son comportement.
Monseigneur, je suis Gabriel d'Amilly von Wittelsbach-Frayner, le doyen de la Faculté Frère Nicolaïde de l'Université, la faculté de théologie, si vous l'ignorez.
Je vais être honnête avec vous Monseigneur. Vous ne trouverez ici aucune aide, pas de ma part tout du moins. Depuis que vous avez été nommé par Rome à Embrun vous avez passé votre temps plus hors de votre province et de ce Duché que dedans, à vous occupez des fidèles placés sous votre responsabilité. Vous êtes la honte de notre Eglise, l'exemple parfait qu'il ne faut pas suivre.
J'espère qu'un jour Rome se réformera et arrêtera de vouloir désigner des prélats incompétents pour des provinces qu'elle ne connaît pas et laissera le soin à des assemblées de clercs locaux de choisir ceux qui doivent guider les fidèles, afin de choisir des personnes qui connaissent les ouailles et veulent vraiment les guider sur le chemin de la Lumière et de la Vraie Foi, et pas seulement chercher les bénéfices ecclésiastiques et les honneurs liés à la charge épiscopale.
Le ton était mesuré, froid, Gabriel ne criait pas, il était calme même, mais son regard n'exprimait aucune sympathie pour ce prélat qui était l'anti-thèse du berger et de l'apôtre guidant les fidèles.
Aucune aide ne vous sera donc donner ici, et pour être totalement honnête avec vous, sachez que vos fidèles, qui en ont assez, se soulèvent contre vous, et bientôt Rome saura la vérité sur votre apostolat. C'est votre démission et votre éviction qui vont être demandées, afin qu'Embrun puisse être dirigée par un prélat vraiment soucieux de sa mission apostolique.
Sur ce Monseigneur, je vous quitte, peu me chaux de savoir quels sont vos arguments, vos actions et votre absence sont les seuls qui me suffisent et je ne changerais pas d'avis vous concernant.
Que le Très-Haut vous garde, malgré tout.
Et sur ces dernières paroles, le jeune Amilly tourna les talons et s'en retourna à son office, ignorant les éventuelles protestations du prélat.