Une requête

Engherran était parti tôt dans la matinée afin de ne pas arriver au château trop tard. Après s'être renseigné, il se dirigea vers l'office des armes et les salles de l'hérauderie. Il pénétra dans une grande pièce et attendit patiemment qu'on vienne à sa rencontre. Durant l'attente, dans un cliquetis métallique, Le chevalier vêtu de son harnois parcourait la salle, tranquille, observant avec attention les tentures, armes et armoiries suspendues au murs.

Il ne l'avait pas entendu arriver et fut surpris dans sa contemplation. Le chevalier se retourna et salua avec courtoisie l'homme qui semblait fort occupé.

Et bien je ne souhaiterais pas abuser de votre temps qui semble ma foi fort précieux, mais peut-être pourriez vous me renseigner.
Je me présente je suis Engherran de Kerbliez, je suis arrivé avec ma famille depuis peu sur ces terres et nous nous y sommes installés.
Si je viens me présenter céans c'est pour me faire connaître et reconnaitre par l'hérauderie.
J'aimerai donc savoir à qui je dois pour cela m'adresser. Pouvez-vous me renseigner ?

Engherran remercia l'homme et attendit sa réponse.

Je vous remercie de votre accueil messire MacCornell. J'entends à votre nom que vous avez des origines scots. Cette contrée du Lyonnais-Dauphiné est donc riche en descendant des guerriers celtes, dit-il en souriant.

En effet je viens me faire connaitre, nullement avec un rang trop prestigieux, mais simplement comme chevalier adoubé, il y a de cela plusieurs années. J'ai servi le Duc de Bretagne en son temps. Aujourd'hui, je n'ai plus vraiment de suzerain, mais je reste chevalier. Ainsi je viens me faire connaître et reconnaître. Je possède déjà armes et devise.

Engherran observa son interlocuteur de son regard bleu-acier et attendit qu'il reprenne la parole. Il allait sans doute avoir d'autres questions.

Il allait répondre à Messire MacCornell quand une porte s'ouvrit pour laisser entrer ou sortir un visage qu'il connaissait. Il salua Dame Nynaeve en s'inclinant autant que possible.

La bonne journée à vous aussi Dame. J'espère que vous vous remettez de vos blessures et que votre était de santé vous permette bientôt de revenir jusqu'à nous.
Veuillez excuser ma tenue, mais je préfère voyager avec sécurité plutôt qu'élégance.

Puis se tournant à nouveau vers Romuald, il poursuivit.

Mon histoire est assez compliqué je dois vous l'avouer, et je n'ai rien d'autre que ma bonne foi pour vous le prouver. Mais je puis prendre un temps pour vous l'expliquer.
Quant à mes armes elles sont de gueule au Loup passant d'argent, à un chef d'argent chargé de trois hermines.

Et ma devise est : Prends le Loups pour frère, car il connait l'ordre des Forêts.

Je ne voudrais nullement vous déranger si vous êtes occupés.

Vous êtes visiblement très occupés et je ne voudrais pas vous ennuyer. Je repasserai quand cela sera plus calme. Je vous souhaite donc une bonne journée.

Engherran s'inclina avec courtoisie, puis fit demi tour en direction de la sortie.

Le chevalier s'arrêta et sourit à Dame Nynaève.

Comme il vous plaira. Je vais essayé d'être concis et point trop ennuyeux, dit-il en plaisantant.

Je suis le fils bâtard d'une grande famille de la noblesse de Bretagne, les Montfort peut-être connaissez vous. Ma mère Solène de Montfort m'éleva seule puisque rejetée par sa famille pour l'humiliation qu'elle avait commise. Néanmoins elle m'offrit tout ce qu'un enfant pouvait espérer et me prépara à entrer dans le monde en tant que chevalier du Duc. Je fus donc confier à un proche conseiller du pouvoir breton et chevalier, Sire Elouan de Rohan. Après donc avoir servi comme écuyer, je fus adoubé par cet homme, qui s'avéra être l'homme qui avait pourvu à mes besoin durant mon enfance dans la plus grande discrétion, mon père. Malheureusement il ne put me reconnaître avant que la mort se saisissent de lui. C'était il y a plus de dix ans. Pour la suite de l'histoire je dus quitter les terres qui m'avaient vu naitre pour des raisons politiques. Nombreux ceux qui savaient ma filiation et craignaient que je récupère les droits d'un père et d'un mentor que je n'ai connu que tardivement.

Par conséquent je ne possède plus rien qui puisse affirmer mes origines et mon rang. Je n'ai que ma parole.

Mon nom complet et donc Engherran Tugdual de Monfort dict de Kerbleiz.

Engherran se tut pour laisser ses interlocuteurs poser d'éventuelles questions, si cela leur était nécessaire.

Engherran s'attendait à ce genre de réponse. Cela ne le surprit même pas et si cette affirmation le décevait il n'en montra rien.

Je me doutais un peu de ce genre de réponse. Après tout je n'ai pas été adoubé au sein de ce royaume et je ne fais partie d'aucun ordre en particulier. Aussi ne serai-je donc pas reconnu par mes pairs, mais je continuerai à porter ce titre, car il me fut offert par le Duc de Bretagne et je continuerai à servir la terre et le peuple.

Je vous remercie de vos réponses et de vous avoir dérangé pour rien.

Le chevalier s'inclina avec courtoisie.

Après avoir saluer Dame Nynaève et messire McCornell, le chevalier, car il l'était bel et bien, vêtu de son harnois fit demi tour et se dirigea vers la sortie.

Ainsi la noblesse était ici comme partout ailleurs aussi perclus de règles. Après tout il était bien l'homme lige de quelqu'un.

Il s'arrêta un instant, puis se retourna vers les deux nobles personnes.

Une dernière chose ... Si jamais je puis être utile à ce comté, je me mettrai à son service s'il en fait la demande et si cela ne va pas à l'encontre de mon honneur et de celui de ma famille. Mes compétences peuvent peut-être servir.

Engherran avait clairement tiqué au propos de Dame Nynaève et il ne put que difficilement contrôler la colère qui s'éveillait en lui. Il parla malgré tout avec une voix contrôlé et calme.

Ne plus porter l'écu ?
Sachez Dame qu'en Bretagne nous sommes tout aussi civilisé et que ce type d'écu est également utilisé là-bas.
J'ai été adoubé par Sire Elouan de Rohan de ce fait cela fait de moi un chevalier. Pour sa mémoire je continuerai à porter les armes.
Pour l'honneur de la femme qui a tout fait pour que je devienne chevalier, Solenn de Montfort, ma Mère, je continuerai à arborer le loup de Kerbleiz fièrement.
Pour ma famille, mon épouse Laki, et mes deux filles Seren et Laurelyne, je continuerai à porter le gueule et l'argent.
C'est non négociable !