Le Trésor de Saint Georges.

 [i]Frère Thomas, bâtisseur de père en fils était convoqué par une riche Montagnarde près d’Embrun.
Il délaissa donc les tailleurs de pierres à leurs activités espérant que ceux-ci n’en profitent pas pour tirer au flanc, ou pour réinventer les plans.

La chaleur était torride et ce fut une grosse baronne qui le reçu.
Il décida très rapidement de ne pas regarder directement la femme. En effet il aurait bien du mal a garder son sérieux devant les grosses croutes blanches marbrant son visage. Cette manie de vouloir paraitre toujours plus claire, c’était magnifique bien sur, mais quand le temps estival faisait transpirer ces femmes d’une opulence certaine, la poudre qu’elles s’appliquent soigneusement à longueur de temps formait une espèce de boue blanchâtre qui une fois re-séchée formait des plaques craquelées. Sans parler de l’odeur que prenait leur peau privée par cette couche de toute respiration.

Elle voulait renégocier les termes du mécénat. Elle voulait donner plus ca s’était le bon point. Mais elle voulait aussi pour une raison totalement inconnue changer les plans !

[b]Mais les fondations sont déjà faites !
Les murs sont déjà dressés !
On attaquera la charpente dans moins de deux mois !
Ce serait fou de tout modifier maintenant ![/b]

Heureusement, après plusieurs heures de discussion un accord était trouvé. La forme originale de ce temple Aristotélicien ne changera pas. Seul son clocher sera redessiné.
Les exigences de cette donatrice étaient vraiment étranges.
Mais il fallait relativiser ce caprice de dernières minutes avec la foultitude de fioritures que le supplément de trésorerie négocié permettra d’acquérir pour parer l’intérieur.

La construction se poursuivie et cinq ans plus tard, 43 ans après avoir germé, le projet que le frère bâtisseur Thomas avait porté toute sa vie fut inaugurée dans une liesse populaire dont seuls les Embrunnais ont le secret.[/i]

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[i][b][Vienne, Hiver 965][/b]



Damien, enfant de chœur dissipé avait été consigné derrière la sacristie pour trier les cierges par taille et par couleur pour avoir détourné un chant à la gloire de Christos de façon scatologique dans le but de faire rire ses camarades.

La tâches était simple, mais répétitive et fastidieuse compte tenu des quatre centaines de bougies de toutes tailles, de tous calibres, … , que la sœur du couvent voisin venait tout juste de livrer.
Cela lui pris deux bonnes heures, et alors qu’en fin sa punition accomplie, il s’apprêtait à filer, il entendit des cris, tous petits cris, réguliers… Il s’approcha doucement de la porte, et colla son œil à la serrure. Ce qu’il vit alors, il n’en parlera jamais par la suite, à qui que ce soit. Cette vision fut pour lui à la fois un lourd traumatisme, mais aussi un apprentissage.
Les cigognes n’existent don pas, les curés ne sont pas tous des saints, il n’était peut être pas le fils de celui qu’il appelait « papa ». Et il comprit enfin l’expression « il y a des autels pour ça ».

Toute sa vie prit un virage et alors qu’il accompagnait deux fois par semaine sa mère à la messe, il ne venait plus que dans l’espoir de revoir un jour dans l’entrebâillement d’une porte les héros malsains de ses souvenirs gravés au fer rouges réitérer leurs exploits.
Il revenait même parfois seul faire quelques offrandes devant l’Autel ou ironiquement sa mère papillonnait les fesses nues sur la plaque de pierre ornées depuis quelques mois d’une mosaïque qui se voulait a l'origine être une frise papillon, symbolisant la légèreté, la beauté, et la liberté, mais que lui ne verra jamais que comme le schéma du Lotus.[/i]

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[i][b][Briançon, Eté 965]
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Euphrasie revenait à l'église où sa mère l'avait emmenée pour le baptême de sa cousine.
La cérémonie l'avait impressionnée et surtout le discours du curé.
L'enfançon, dans son innocence, avait pris pour argent comptant les paroles entendues et avait eu dans l'idée qu'il fallait sauver son enfant à elle, c'est à dire sa poupée.
Elle s'en vint donc avec sa "fille" pour lui éviter les tourments de l'enfer.
Ayant mis "ses habits du dimanche" en cachette de sa mère, elle portait son enfant solennellement, comme elle l'avait vu faire par les grands.
Euphrasie se dirigea vers les fonds baptismaux, mais ceux ci étaient inaccessibles, fermés par une grille, elle se rabattit donc vers le bénitier à l'entrée de l'église.

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Cela ferait bien l'affaire, sa mère lui ayant dit que l'eau était bénie par le prêtre.
Il lui manquait bien l'huile sainte, mais elle y avait pensé et avait emprunté l'huile d'olive dont sa mère se servait pour la cuisine.
Pour le cierge, il y avait ce qu'il fallait sur place.
Forte de son bon droit et de sa conviction enfantine, elle tenta de refaire la cérémonie accompagnée de son amie Philomène qui servait de marraine et de Firmin le frère de cette dernière qui ferait office du curé.
Prises dans leur action, les jeunes filles ne virent pas arriver le bedaud qui de sa grosse voix les fit sursauter :
"C'est pas un endroit pour baigner les poupées les gamines"
Surpris les fillettes et le garçonnet ne demandèrent pas leur reste et s'enfuirent à toutes jambes, tremblants de peur, laissant la poupée tomber dans le bénitier et laissant choir le cruchon d'huile.
Le bedaud grognon, s'approcha pour retirer l'offense faite au culte et par un effet du hasard mis le pied dans la flaque d'huile et s'étala de tout son long avant d'avoir pu finir son geste.[/i]

[i][b][Montélimar, Automne 969][/b]



Brutus, était là, un genou a terre sur le sol de l’église, à prier Aristote.
C’était sa dernière nuit comme écuyer.  Et le Roy lui avait dit « profite de ta nuit pour prier ton ancienne vie, demain tu renaitras ».
Il se récitait donc tous les odes, poèmes, prières…
Cela occupa facilement ses trois premières heures. Mais les nuits étaient encore longues à cette époque de l’année.
La veillée tourna vite à l’ennui, et il relevait sa tête toutes les cinq minutes dans l’espoir d’apercevoir les premières lueurs de l’aube.

[b]Fichue coutume que celle là… Quelle perte de temps… en plus je serais mort de fatigue pour le plus beau jour de ma vie demain…[/b]

Tout en maugréant et bougonnant dans son duvet, puisque du haut de ses 17 années sa pilosité faciale relevait plus de la mama portugaise que de la franche virilité, il se leva pour faire le tour de sa prison nocturne, calme, infiniment silencieuse et déserte.

Il scruta chaque vitrail, chaque statue, lu chaque inscription latine, cherchant a les comprendre alors qu’il n’avait aucune notion de cette langue, puis il s’arrêta nette devant une petite niche de pierre où était incrustés des clous à tête dorée frappée d’une fleur de lys.
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Ne comprenant rien à la signification de cette niche, ni à la suite de chiffre en dessous, il se creusa le citron tout le reste de la nuit. Et c’est ainsi et pas autrement qu’il pu accomplir le rituel de la veillée aristotélicienne précédant son adoubement.
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