Audience avec Walan

La Salle avait été préparée sur la demande de la Duchesse. Le petit salon était ainsi prêt à accueillir les deux parties dès l'arrivée de Walan au sein du château.

La missive reçue était plutôt énigmatique et le conviait dans un lieu du Conseil ducal qu'il ne connaissait pas. Sans doute avait-il été aménagé après l'époque où il connaissait tous les recoins du conseil, mais cela n'avait rien de vraiment surprenant depuis le temps. Ce qui l'était c'était qu'une Duchesse qu'il connaissait peu demande à ce qu'ils s'entretiennent directement, en tête à tête à en croire la manière dont la lettre était rédigée. Le voyage fut réalisé prestement -de base, l'idée de laisser son épouse dans un lieu où il y aurait potentiellement des combats ne lui plaisait pas, mais laisser son épouse enceinte lui plaisait encore moins- et c'est après n'avoir fait qu'un très bref arrêt par Meyrieu pour se débarrasser de la poussière du voyage et changer de vêtements que Sans Repos se rendit au Castel de Pierre-Scize. Là, il se présenta aux gardes tout comme il le faisait lorsqu'il se rendait au conseil des Compagnies d'Ordonnances, mais s'annonça ensuite aux domestiques afin qu'ils le conduisent dans cette pièce qu'il ne connaissait pas ...

Le soleil s'était levée ce matin là, comme chaque jours vous me direz, mais la Malemort était debout depuis bien plus tôt, la nuit avait été plus que courte avec les problèmes de la veille. Comment pouvait-elle dormir alors que rien ne pouvait rouler convenablement, il lui fallait trouver une solution rapidement pour pallier à des soucis qui pouvaient l'être.
Alors debout depuis plusieurs heures maintenant, la Duchesse s'était installée dans son bureau pour signer quelques documents puis s'assurer de la paye de certains membres de la maréchaussée. Lorsqu'un valet vient la chercher pour la prévenir que son audience était arrivée. Un hochement de tête et la Duchesse se lève aidée par le dit valet, lissant sa robe sur ses hanches, caressant son ventre près à donner la vie d'ici quelques jours au vu de sa taille et de sa position si basse.
Une fois prête elle passa par une porte dérobée pour rejoindre le salon jaune où se passait désormais les différentes audience du régnant avec ou sans son conseil ducal.
La pièce avait été préparée et rangée depuis le passage de l'audience du chancelier. Un regard à droite et à gauche pour vérifier que tout était bien à sa place et la Malemort s’avança vers l'époux de sa marraine, entre autre.

Vostre Altesse, bonjour. Merci d'avoir répondu si rapidement à ma demande. Avez-vous fait bonne route ? Comment se porte ma chère marraine ?

Elle commença par les généralités. Mystérieuse ? non. Simplement chaque chose en son temps. Elle fit un signe de la main l'invitant à rejoindre le petit salon et les fauteuils dans un coin de la pièce.

Je vous en prie, allons nous asseoir, il m'est difficile de rester debout aussi longtemps que je le souhaiterais.

Une légère inclinaison de la tête et du buste salua l'arrivée de la Duchesse, avant qu'il ne la suive vers les fauteuils tout en répondant.

Bonjour votre Grâce. La route a été aussi bonne que possible, même si la chaleur ne l'a pas forcément rendue agréable. Quant à mon épouse elle se porte bien, si ce n'est qu'elle est lasse -comme nous tous- d'être encore et toujours mobilisée et que nous demeurons en désaccord sur la place que devrait avoir une femme enceinte, fut-elle chevalier, dans une armée.

Une fois assis, le regard gris acier du brun observa brièvement son vis-à-vis avant de continuer.

Mais je doute que vous m'ayez fait venir pour me demander des nouvelles de mon épouse, et vous parliez d'un sujet délicat dans votre missive.

La Malemort l'écouta avec attention, sa main droite parcourant la courbe arrondi de son ventre en même temps, jusqu'à esquisser un sourire.

Effectivement, je ne vous ai pas fais déplacer pour cela, exclusivement quoi qu'avoir des nouvelles de ma marraine m'enchante évidemment, mais cela n'était pas le but premier.

Une première pause avant de reprendre.

Je souhaitais vous parler en effet d'un sujet que j'aimerais mettre en place, du moins, au vu de l'avancée de mon mandat et de l'échéance prochaine commencer à le mettre en place. Mais pour cela il me faut votre avis et surtout votre accord puisque le sujet vous concerne tout particulièrement.
En effet, il y a quelques jours de cela, en tant que Grand Feudataire, nous avons été relancé concernant la possibilité de parrainer un noble de notre province pour son entrée à La Très Noble Assemblée des Pairs de France.

La Duchesse se tait un instant, ses onyx plantées sur le visage de son interlocuteur.

Voilà l'objet de cette audience. Je souhaiterais soumettre votre nom et ainsi vous parrainer auprès de la Pairie et du Roy pour vous voir nommer je l'espère parmi les nouveaux Pairs de France. Comme vous devez le savoir je n'ai la possibilité de parrainer durant mon mandat qu'une seule personne, vous avez été le premier à venir à mon esprit de part votre implication passé et présente pour votre Duché alliant à cela votre implication dans l'Ordre Royal de la Licorne.

Elle ponctua là son monologue attendant une réaction de la part du Prince.

Si la déclaration de sa suzeraine provoqua une quelconque émotion chez Sans Repos, son visage n'en laissa rien paraître. A part, peut-être, quoique cela ne soit pas forcément évident, un léger haussement de sourcil. Il était comme ça depuis bien longtemps -pas toujours, non, mais de longues années tout de même-, laissant ses émotions quelles qu'elles soient bien à l'abri de ce que certains avaient appelés une "armure de glace", et qui n'était finalement qu'un visage neutre. Tout ça n'était finalement que la réaction à diverses tragédies de la vie, et bien qu'elles se soient éloignées et que de plus heureux événements soient survenus depuis, l'habitude était restée. Le mariage lui-même avait peu changé cela, si ce n'est qu'il devenait -un peu- plus expressif lorsqu'il était en compagnie de son épouse. Bref, malgré un visage impassible, il fallut quelque temps avant que Walan ne réponde.

C'est une surprise, je dois l'avouer. Et un honneur que mon nom vous soit venu à l'esprit pour cela.

Pour ce que j'en sais, les chances me paraissent fort maigres que mon nom retienne l'attention de la Couronne. J'ai beau continuer de m'investir en Lyonnais-Dauphiné, le plus fort et le plus visible de cet investissement date désormais de plusieurs années. Je doute par ailleurs que mon appartenance à l'Ordre de la Licorne soit considéré comme un investissement suffisant au service de la Couronne de France, sachant que je n'ai jamais exercé dans aucun de ses offices. Je suis très probablement inconnu de la plupart de ceux qui auraient à donner le moindre avis, à part peut-être comme l'époux de l'une des leurs.

Cependant, si votre volonté est de proposer mon nom au Roy, alors je ne saurais m'y opposer. Et s'il advenait que votre proposition soit retenue alors j'exercerai de mon mieux les fonctions qui me seront confiées, comme pour tous les postes que j'ai pu occuper, et je tâcherai d'être un digne représentant du Lyonnais-Dauphiné auprès de la Couronne.

La Malemort esquissa un sourire. Humble, voilà sûrement ce qui faisait la caractéristique de la plupart des licorneux. Elle reprit donc en réponse.

L'honneur s'acquière par nos actes, personne ne peut aller contre.

Elle caresse son ventre puis elle reprend.

Cela n'est pas une histoire d'expérience dans une province particulière, mais pour un tout, Altesse. Votre loyauté et votre fidélité n'a jamais fait défaut. Alors oui, effectivement, je souhaite proposer votre nom et j'espère, au vu de la fin de mon mandat trop proche, que je pourrais faire appuyer cette demande par mon prédécesseur s'il doit y avoir une autre personne sur le trône du Lyonnais Dauphiné. Je ne doute pas de vos compétences, bien loin de là.

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