L'arpitan, ou francoprovençal, est une langue romane qui constitue à lui seul un domaine linguistique propre, différent du domaine d'oïl (par ex. le français, le picard, le gallo, etc.) et du domaine d'oc (provençal, limousin, etc.). Cette langue s'est diversifiée en de nombreuses variétés locales. L'arpitan se trouve a mi-chemin entre le groupe des langues d'oïl (d'où le nom franco- et d'oc (d'où le nom-provençal). Il n'est pas un mélange de langues d'oïl et de langues d'oc, mais constitue bien un groupe roman distinct. La dénomination d'"arpitan" est préférée à francoprovençal, , car cela évite les malentendus à propos de cette langue qui n'est ni du français, ni du provençal, et encore moins un mélange des deux. Certains proposent aussi l'appellation "Burgondais" ou "Burgondian", en référence à ses origines historiques.
Sur bien des points, l'arpitan a évolué dans le même sens que les langues d'oïl, mais les résultats diffèrent assez. Ainsi, en Savoie, pour le groupe CA- du latin, ne se trouve ni le ca- du provençal ni le cha- du français, mais une consonne th- (comme dans l'anglais thin. Ainsi CARBONE(M) a évolué en tharbon, CANTARE en thantò "chanter".
En comparaison avec les autres langues gallo-romanes, l'arpitan peut se caractériser sommairement en disant que c'est une langue d'oc influencée très tôt par les langues du Nord : oc "oui" y est devenu wa, comme foc "feu" y est devenu fwa. En syllabe ouverte, dans SALE(M) "sel", par exemple, a s'est maintenu, commen provençal, quitte à devenir ò plus tard, d'où sò "sel", et de même pour 'pòla "pelle" 'pòre "père". Mais, dans des conditions particulières, après th, par exemple, a est passé à e, comme en français, dans 'thevra "chèvre".
L'arpitan s'oppose par certains traits, au provençal et au français : balma, qui désignait la "caverne", y a gardé son -l- dans la désignation du col de Balme, au-dessu de Chamonix, en face de la Sainte-Baume en Provence et de Baume-les-Dames en Franche-Comté. Cet -l- est ultérieurement passé à -r-, par exemple dans tharfò "chauffer", du latin CAL(E)FACERE.
Comme le provençal, l'arpitan conserve les voyelles inaccentuées finales que le français a perdues, même s'il en reste en français une trace écrite dans le -e- de la graphie : 'nouva "neuve", 'nouvo "neuf", 'nouve "neuves", i 'pourton "ils portent". Mais les voyelles conservées ne sont pas identiques en arpitan et en provençal : le provençal a changé -a- en -o- (la 'nostro "la nôtre"), là où l'arpitan a conservé le -a- (la 'noutra).
Réf. bibl. : WALTER (H.), Le français dans tous les sens, Paris, 1988.