[RP] Mariage d'Espoire d'Amilly et Jean Zwyrowsky

Plus aucun son ne parvenait du choeur. Seule la nef bruissait de petits cris et de murmures ravis. N'y tenant plus, Anne se dressa sur la pointe des pieds, prenant pour ce faire appui sur la large épaule de Bacchus, et tendit son minois dans l'allée centrale.
Les mariés s'embrassaient. La fillette recula précipitamment la tête, et faillit dans son geste tomber sur les genoux de son parrain. Avec un murmure d'excuse, toute rougissante, elle se rassit sagement sur son banc. Etrange, comme les grandes personnes semblaient apprécier ces baisers, lèvres à lèvres. Matheline lui avait dit, avec un gros rire qui ne laissait rien présager de bon, qu'elle aimerait ça, elle aussi, un jour. Pour l'instant, le spectacle l'en mettait simplement mal à l'aise.

Et vous tous, chers témoins, chères et chers amis! En route! Vous êtes attendus à l'hostel de Crots! Que la nuit y soit longue et joyeuse à tous, pour l'amour de nous!

C'était le marié. La fillette sentit toute son excitation la gagner de nouveau. Debout entre les bancs, elle admira le cortège qui se formait depuis le choeur, à la suite des jeunes époux. Son père et sa mère avaient-ils eu l'air aussi heureux, eux aussi, au jour de leurs noces ? Elle coula un rapide regard vers son parrain. Elle savait qu'il avait été le témoin de son père. Peut-être accepterait-il de lui dire ... ?

Fouette, cocher! Et à la place du Change sans trainer!

On allait pouvoir s'amuser, manger toutes sortes de bonnes choses, admirer des jongleurs, écouter des troubadours ! Il fallut patienter encore, le temps que l'église se vide de tous les invités de marque, et on put enfin sortir sur le parvis. Bacchus avait été envoyé en éclaireur. Anne monterait donc dans le coche de son parrain.

La cérémonie s'achevait, Monseigneur Ingresstar avait annoncé officiellement l'union des deux jeunes mariés qui remontaient la nef pour conduire le cortège des invités vers l'Hostel de la Place du Change, sous les viva et les applaudissements de l'assemblée.

Kernos, souriant sous l'effet de l'allégresse que provoquait en lui l'union de ses amis, se tourna vers ses enfants. La petite Léane n'avait cessé de dévorer sa marraine des yeux, versant quelques larmes, contaminée par l'émotion ambiante des dames de l'assistance, pendant que le jeune Léandre semblait s'interroger sur le comportement étrange des grandes personnes en cette occasion. Le Seigneur de Glandage tendit un mouchoir à sa fille et posa sa main sur les frêles épaules de son fils.

Les enfants, il est temps de se lever pour nous joindre aux festivités qui suivent la noce. Allez mes petits anges, vous pourrez aller Tatie Espoire une fois là-bas.

Ragaillardis par l'idée d'aller rejoindre Espoire et de s'amuser, les jumeaux se dressèrent aussitôt sur leurs jambes pour quitter leur banc. Ouvrant la marche, Kernos remontait la nef au milieu des autres invités, quand il s'arrêta net... Avait-il rêvé ou bien...?

Papa! Nous allons râté la fête, pourquoi tu t'arrêtes?

Ses yeux se posèrent sur ses enfants puis se redressèrent à nouveau pour scruter le fond de l'édifice. Ce visage fin et délicat, ses grands yeux d'un azur éblouissant, ses boucles blondes étincelantes comme un soleil d'été... non, il ne rêvait pas, c'était bien elle qui se tenait là-bas.

Votre mère est là les enfants.

Aussitôt, père et enfants pressèrent le pas pour rejoindre Axel, accompagnait de Lotus, manquant de bousculer quelques personnes au passage. Profitant de ses jambes plus longues que celles des Léas, Kernos se trouva le premier devant son épouse dont il pressa les mains entre les siennes avec tendresse.

Mon ange, les soeurs t'ont donc laissé venir. Je suis si heureux de te voir...

Il n'eut pas le temps de continuer que, déjà, quatre petites mains agrippèrent la robe d'Axel à grand renfort de "maman! maman!"