| | Histoire de Lyon | |
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urbs
Nombre de messages : 1392 Date d'inscription : 02/01/2006
| Sujet: Histoire de Lyon Ven 28 Avr 2006 - 20:44 | |
| La situation de la ville de Lyon au confluent du Rhône et de la Saône, à mi-distance du Nord et du Midi, a sans aucun doute beaucoup influencé son destin au cours des siècles. La villa a au cours du temps eu un destin remarquable qui de simple bourgade gauloise, l'a amené à être une capitale romaine florissante puis burgonde. Lyon fût ville de l'empire germanique jusqu'à sa réunion à la France en 1312, et enfin la ville connut à l'époque de la renaissance une activité florissante.
Ses foires, créées au XVème siècle, qui eurent un grand succès, puis sa soierie, la rendirent très réputée, et donnèrent à la ville non seulement une importance économique, mais chose dont nous ressentons encore les effets à notre époque, une dimension humaine.
Nous allons ici retracer dans ses grandes lignes l'histoire de la ville qui parfois au delà de la petite histoire se recoupe avec l'histoire de la France.
Avant l'arrivée des Romains
Déjà 20.000 ans avant notre ère des peuplades venues des plaines de l'europe du nord vivent au milieu des herbes, des roseaux et des flaques boueuses dans un pays couvert de vastes forêts. Pays envahi par des débordements du fleuve, le site marécageux de Lyon connaît déjà ses premières foires où s'assemblent les druides pour des fêtes religieuses.A l'époque une première implantation se fait au pied de la colline de la Croix-Rousse et se nomme Condate, petit village dont les habitants adoraient entre autre le dieu Lug qu'ils honoraient dans un sanctuaire celtique situé sur la colline de Fourvière. C'est de ce dieu que la ville tira son nom ultérieur, Lugdunum.
Au temps des Romains
En 58 avant Jésus-Christ, Jules César (101-44 av. J.C) en plein conquête des Gaules, trouva le promontoire de Fourvière, naturellement fortifié, un lieu idéal pour l'établissement du principal camp romain. C'est en 43 av. J.C , alors que Jules César venait de mourrir, que le général Lucius Munatius Plancus, reçut l'ordre du Sénat de Rome d'établir une colonie à l'endroit où la saône et le rhône mêlent leurs eaux, pour y installer des citoyens romains expulsés de vienne. La ville fut alors appelée Lugdunum (on attribue au nom plusieurs sens possibles : - lug : dieu, lumière, corbeau - dunum : ville forte, mont). C'est vers 16 avant Jésus-Christ que l'empereur Auguste (63 av. J.C-14 apr. J.C) fit de Lugdunum la capitale des trois Gaules après l'avoir embellie en faisant construire un aqueduc, des thermes, un temple, et un nouveau sanctuaire rappellant celui du dieu Lug, ainsi que qu'un théâtre que l'on peut toujours admirer des nos jours.
Rapidement Lugdunum devint la principale ville de l'Empire après Rome. Les Empereurs romains s'y arrêtent et y séjournent volontier, notamment Caligula (12-41) qui s'y fit remarquer pour ses excentricités et sa cruauté. Claude, né à Lyon, honnora la ville d'attentions particulières, comme de l'embellir, d'y faire construire un autre aqueduc et surtout accorda l'accès aux fonctions publiques de Rome aux Gaulois, qui en reconnaissance firent graver son discours sur des tables de bronze, appelées communément les tables Claudiennes (retrouvées en 1528).
Après l'incendie de Lugdunum en 65, Néron fit don d'une forte somme pour aider à le reconstruction, la même somme que les Lyonnais avaient envoyé pour Rome, incendiée quelques années auparavent. A la mort de Néron (37-68), les Lyonnais furent sévèrement punis par le Sénat pour l'avoir soutenu. A l'époque d'Hadrien (76-138) ont embellît de nouveau Lugdunum et ont restaurât les monuments, et c'est vers l'an 160, que le l'Odéon fut construit.
Les Gaulois avaient adopté la religion des romains, qui croyaient en de nombreux dieux tels Jupiter, Mars, Mercure, mais adoraient en outre l'Empereur à la manière d'une divinité. Les religions venues d'Orient s'étaient répandues jusqu'à Lyon, le christiannisme en particulier y fut très tôt bien accueilli, mais les Chrétiens étaient très mal vus par le restant de la population demeurée païenne. C'est de là que partit le christianisme à travers l'Occident, mais c'est en 177, que les autorités Romaine intervinrent. Marc-Aurèle (121-180) ordonna le supplice des premiers chrétiens, avec notamment le martyre du diacre Sanctus, de l'évèque Pothin, et de Sainte Blandine, modèle de courage pour les générations suivantes.
Le troisième siècle marqua durement Lugdunum par une suite de destruction sanglantes. En 197, à l'issue d'une terrible bataille entre les deux armées romaines, celle d'Albin, et celle de Septime-Sévère (146-211), la ville fut saccagée et incendiée par les troupes de Septime alors qu'elles poursuivaint les derniers survivants de l'armée d'Albin au coeur de la cité pour trancher la tête de celui-ci et l'apporter à leur chef. Vers 275 les premiers envahisseurs germains, mirent Lyon à genoux en sabotant les aqueducs, privant ainsi la ville d'eau. La population menacée abandonna aux alentours de 300-305 les hauteurs de Fourvière pour se retrancher au pied de la colline dans l'actuel Vieux-Lyon.
De nouveaux occupants
L'écroulement de l'empire romain au quatrième siècle sous la pression des germains se répercuta à Lyon. Les autorités romaines n'existant plus, et le christiannisme étant devenu religion officielle depuis l'édit de Milan en 313, le pouvoir appartint, en fait et en droit aux évêques qui avaient acquis et conservé avec cet édit le titre de Primat des Gaules. En 457, les Burgondes s'établirent pacifiquement à Lyon, malgré leurs manières plutôt frustres, et le fait qu'ils se soient approprié les deux tiers des terres. Bien que non catholiques, les burgondes se montrèrent tolérants à l'égard des vaincus et l'activité des ateliers et de la navigation continua à prospérer. Moins d'un siècle après leur arrivée ils furent vaincus par le roi Franc Clovis en 500 près de Dijon, et en 534, après une ultime bataille, le royaume Burgonde fut annexé par les Francs.Ils laissèrent toutefois leur nom à la Bourgogne. Durant 200 ans les fléaux naturels s'ajoutèrent aux ravages des hommes, et Lyon connu une période sombre sous la domination des Francs Mérovingiens. Comme le reste de la France, la ville souffrit des guerres, des épidémies, et des invasions ; Lyon connu notamment, la peste, un violent incendie et une inondation terrible qui détruisirent presque toute la ville.
Partagé entre France et Empire
Suivirent alors plusieurs siècles confus, où les troubles politiques et les massacres se mêlèrent aux incursions hongroises et sarrasines. Seule l'action bienfaisante du gouvernement de Charlemagne (742-814) et des évêques marquera une pause dans cette période noire. Lyon retrouvera pour quelques temps ordre et prospérité, et connaîtra alors une renaissance de courte durée. En effet en 843, les fils de Louis le Débonnaire se partagèrent les Etats de Charlemagne et Lyon fut intégré au domaine de Lothaire (795?-855) jusqu'en 879. Suivit une succession de conflits de primauté qui rattachèrent Lyon tour à tour au royaume de France, à la Germanie, au Royaume de Provence, et à celui de Bourgogne. Ce maëlstrom de guerres de seigneur à seigneur et de troubles amenèrent la cité à s'enfermer dans un carcan de pierre, et les campagnes connurent alors une épouvantable misère.
A partir de 1032 et jusqu'au début du XIVème siècle, Lyon est rattachée au Saint-Empire romain germanique, coupant ainsi la région qui se trouve partagée entre la France et l'Empire Germanique. Les véritables maîtres du pays sont deux puissants seigneurs : à l'ouest le Comte du Forez, à l'est l'Archevêque de Lyon. Le maître de la ville, durant ces trois siècles est l'archevêque, mais non sans mal du fait des querelles féodales. Par une bulle d'or en 1157, l'empereur Frédéric Barberousse (1123?-90) reconnaît à l'archevêque ses droits régaliens.
En 1240, la rébellion de la bourgeoisie instaure la première municipalité, placée sous la protection du roi de France, et donne à la ville sa devise : avant, avant, Lyon, le Melhor. Prend fin en même temps la domination de l'église sur la cité. Philippe IV le Bel (1268-1314), en 1269, fit chasser l'archevêque de St-Just, celui-ci ayant refusé de lui prêter serment. Par ses différentes actions il amena le rattachement de Lyon à la France et fit même détruire les forteresses épiscopales et emprisonner l'archevêque. Il installa à la place à St-Just et dans la région les garnisons Royales. Finalement l'appartenance du Lyonnais à la France fut définitivement signée le 10 avril 1312 à Vienne par l'archevêque contraint à cèder. De plus, la charte 21 juin 1320, signée par l'archevêque et les chanoines, accorde aux bourgeois la reconnaissance de leurs libertés, le droit de s'assembler, d'élire des magistrats, de lever des impôts pour le service de la ville, de lever une milice et d'avoir un sceau.
Un siècle sombre
Alors que la guerre de cent ans fait rage dans le pays, la région est relativement épargnée jusqu'en 1360, puis ravagée par les Grandes Compagnies et les brigands. La peste s'ajoute à ces vagues de violance répétées, mais les Lyonnais restent malgré ces épreuves fidèles au Roi et à la cause Française.
Charles VII (1403-61) accorda deux foires annuelles aux Lyonnais en remerciement de leur fidélité ; puis une troisième en 1444. Uniques en France, ces foires duraient chacune vingt jours, et connurent rapidement un essort international. Alors que les guerres d'Italie étaient aux portes de la France, les Rois et leur cour séjournèrent fréquemment à Lyon. Cette stabilité relative, et une dispense d'impôts judicieuse, attira des marchands et marchandises venues d'Europe et même d'Orient. Deux industries nouvelles sont alors en plein développement : la soierie et l'imprimerie, et ces commerces font la fortune de la ville qui se développe et compte près de 50.000 habitants. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire de Lyon Ven 28 Avr 2006 - 21:04 | |
| Bibliographie très succinte sur l'Histoire de Lyon (les livres que je trouve les plus abordables, et agréables à la lecture) :
Histoire de Lyon, Tome 1 : Antiquité et Moyen Age, PELLETIER André et ROSSIAUD Jacques ; Editions Horvath, 1990, 478p
Histoire de Lyon et du Lyonnais, sous la direction d'André LATREILLE ; Editions Privat, 1975, 508p
Lyon ville romaine et royale, BIDEAU Daniel ; Editions Elie Bellier, 1980, 182p
Les colères de Lyon du Moyen Age à nos jours. Quand Lyon rugit, BENOIT Bruno, CURTET Raymond ; Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, collection "Regards sur...", 1998, 159p (très bon livre je vous le conseille, l'auteur a été mon prof d'Histoire en première année) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire de Lyon Sam 11 Nov 2006 - 9:51 | |
| L'origine de Lyon, ville celte puis romaine
On est assuré de la présence d'hommes à Lyon au moins depuis le Néolithique. De nombreux vestiges en témoignent, notamment dans l'actuel quartier de Vaise. Plus tard, on retrouve la trace d'une petite bourgade celte nommée Condate, située au bord de la Saône, au pied de la colline de la Croix-Rousse. Rhône et Saône sont alors les frontières naturelles des territoires de plusieurs peuples celtes. La ville est déjà une ville frontière marquée par l'importance des deux cours d'eau. Depuis 61 avant J-C, les premiers marchands italiens s'étaient installés à Condate, après avoir été chassés de Vienne. La colline de Fourvière avait déjà alors une vocation religieuse : les Ségusiaves (peuple celte local) l'appelaient Lugdunum, la colline (dunum) de Lug (dieu corbeau) où se trouvait un sanctuaire dédié à cette divinité. Les voisins méridionaux des Ségusiaves étaient les Romains qui avaient conquis la Narbonnaise vers 125 avant J-C et possédaient ainsi les terres littorales de Narbonne à Aix et de la vallée du Rhône jusqu'à Vienne. En 58 avant J-C, la province romaine était gouvernée par Jules César. Sous le prétexte d'arrêter la progression des Helvètes vers la Gaule atlantique, il intervint hors de la province romaine et Lyon servit de base de ravitaillement pour sa guerre des Gaules ; le camp romain fut établi sur la colline de Lugdunum. En 43 avant J-C, le gouverneur Munatius Plancus y installa ses vétérans, les premiers colons romains, et fonda ainsi la colonie de Copia Félix (Abondance heureuse). L'aspect de la ville se modifia vraiment au Ier siècle après J-C, quand les empereurs romains s'intéressèrent à Lyon et y firent bâtir de grands monuments. L'empereur Claude y naquit en 10 avant J-C et accorda aux habitants de Lyon les privilèges de la citoyenneté romaine ; le discours de Claude fut gravé dans le bronze des célèbres "Tables claudiennes". Lyon devint la capitale administrative et religieuse des trois Gaules (Lyonnaise, Aquitaine, Belgique) : chaque 1er août, des délégués des 60 cités gauloises se réunissaient à Lugdunum pour assurer Rome de leur fidélité. Sur la colline de Fourvière (de "Forum vetus", vieux forum) s'était développée une ville gallo-romaine commerçante et prospère qui attirait beaucoup d'étrangers, Italiens et habitants d'Asie mineure, de Phrygie surtout, qui était un ardent foyer de christianisme mais aussi la patrie d'un culte à mystères : celui de Cybèle et Attis. Cybèle permettait la résurrection à ses initiés quand renaissait Attis à chaque équinoxe de printemps. Ce culte prit à Lyon une grande importance. Ce sont sans doute les fidèles de Cybèle qui déclenchèrent la persécution des Chrétiens en 177 (au cours de laquelle périrent saint Pothin et sainte Blandine), car leur fête joyeuse de la renaissance d'Attis coïncida cette année-là avec le vendredi saint. Ils virent peut-être dans le deuil des Chrétiens martyrs une offense à Cybèle et, bien écoutés des autorités romaines, ils se débarrassèrent de la communauté chrétienne, minoritaire à Lyon. Au pied de la colline, les ports sur la Saône étaient actifs ; de riches demeures jouxtaient les entrepôts d'huile et de vin. En 196, lorsque deux empereurs prétendirent à la direction de l'Empire, Lyon choisit Albin. Septime-Sévère, le vainqueur, pilla la ville. Le rôle politique de Lyon s'affaiblit alors au profit de Trêves et d'Arles au cours du IIIè siècle. Les incursions des Francs et des Alamans, ainsi que les Bagaudes (paysans brigands), la destruction des aqueducs (pour se produire le plomb des tuyaux), ruinèrent la ville aux IVè/Vè siècles. Un nouveau site fut choisi au pied de la colline de Fourvière, le long de la Saône. La colline ne retrouvera que sa vocation religieuse (et non plus son rôle urbain) dans un premier temps, et seulement au XIIè siècle, par la fondation d'une chapelle en l'honneur de la Vierge Marie et de saint Thomas, dotée d'un chapitre dépendant de la cathédrale Saint-Jean. Même si l'espace urbain s'était considérablement réduit, la vie continuait, les échanges commerciaux à longue distance se maintenaient. Lorsque les institutions de l'Etat gallo-romain devinrent défaillantes, l'autorité épiscopale les remplaça. Les successeurs de Pothin se montrèrent par ailleurs d'ardents défenseurs de la foi et des Lyonnais contre les Burgondes ariens. La ville se couvrit d'édifices religieux. Entre 470 et 474, les Burgondes entreprirent la conquête d'un vaste royaume et firent de Lyon une de leurs capitales. Entre les VIè et VIIIè siècles, Lyon subit la domination des Francs et perdit son rôle de capitale (car elle avait été favorable aux ennemis Burgondes), ainsi que son importance démographique et économique.
L'époque médiévale
Lyon ne retrouva ordre et prospérité que sous Charlemagne (début du IXè siècle). Le duo classique de l'administration carolingienne, le comte et l'évêque, fonctionna ici à merveille. Mais l'éclatement de l'empire écarta Lyon des destinées de la Francie occidentale (à l'origine de la France) : elle appartint successivement à plusieurs royaumes et à l'Empire, à partir de 1032 et pour trois siècles. Jusqu'au milieu du XIIè siècle, la ville de Lyon était au pouvoir des comtes de Forez et de Roannez, sous la souveraineté purement nominale de l'empereur d'Allemagne. Le pouvoir impérial était cependant lointain ; les comtes et les archevêques de Lyon se disputèrent donc l'autorité sur la ville jusqu'en 1173, date à laquelle, l'empereur ayant reconnu à l'archevêque de Lyon, primat des Gaules, des droits souverains, le Lyonnais fut séparé du Forez, et le pouvoir ecclésiastique gouverna la ville, avec droit de justice, droit de battre monnaie et de lever des troupes ; un traité définitif régla le partage des terres et des droits : l'archevêque restait seul maître du Lyonnais, ne partageant son pouvoir temporel qu'avec les chanoines-comtes de Saint-Jean, constitués en chapitre depuis le IXè siècle. La population se développait dans la presqu'île depuis qu'un pont de pierre, à la fin du XIè siècle, reliait la presqu'île à la cité blottie au pied de Fourvière. Des bourgs se constituaient, animés par des marchands que les exigences féodales de l'archevêque ou des chanoines exaspéraient. Etant donné qu'un peu partout, en Forez et en Beaujolais par exemple, des villes plus petites avaient obtenu des chartes de franchises leur assurant une certaine autonomie, la situation de leur ville paraissait caduque aux Lyonnais du XIIIè siècle. Ce régime déplut à la puissante commune de Lyon, uniquement composée de bourgeois et de marchands, lesquels pendant plus d'un siècle luttèrent pour s'émanciper. Ils formèrent donc à plusieurs reprises des "conspirations" et "communes" contre leurs seigneurs naturels. La devise de la ville, "En avant Lion le melhor", est le cri de guerre des Lyonnais de 1269 allant piller les biens et massacrer les paysans dépendant des chanoines de Saint-Just et de Saint-Jean. La municipalité a consciencieusement conservé cette devise, comme un avertissement à l'autorité religieuse… Après plusieurs révoltes malheureuses, ils firent appel au roi Philippe IV le Bel qui, en 1292, prit Lyon sous sa protection : il annexa la ville au royaume et confisqua à l'archevêque une partie de ses pouvoirs de justice. L'archevêque abandonna aux bourgeois quelques pouvoirs d'administration et de gestion par la charte de franchise de 1320. La ville était administrée par la "commune", constituée des bourgeois commerçants qui nommaient, chaque 21 décembre, douze consuls, toujours notables et choisis parmi les familles riches ; ce corps consulaire s'appelait le "syndical". Vingt ans plus tard, le 10 avril 1312, un traité, conclu entre la commune, l'archevêque et le roi, réunit définitivement Lyon au royaume de France. Institués vers le milieu du XIIIè siècle, les "bourgeois du roi" constituaient une catégorie particulière de sujets qui, en réclamant la justice du roi, se détachaient, soit de leurs liens de sujétion envers un seigneur, soit de leurs obligations de résidence dans une ville, et dès lors ne relevaient plus que du pouvoir central. Cette institution pris un grand développement sous Phililppe le Bel. On peut dire que les bourgeois du roi furent les premiers Français à avoir un statut juridique comparable à celui du citoyen moderne.
En dépit des revendications de Jean de Marigny, archevêque de Sens et qui contrôlait le diocèse de Paris, l'archevêque de Lyon parvint à garder le primatiat des Gaules, seule prérogative qui lui fût maintenue.
Durant ces temps de conflits, Lyon avait pourtant accueilli deux conciles importants, justifiant de longs séjours des Papes à Lyon. Le premier, réuni en 1245 dans la cathédrale Saint-Jean en cours de construction, avait prononcé l'excommunication de l'empereur Frédéric II de Hohenstauffen ; le second, convoqué par Grégoire X en 1274, avait pour objet de refaire l'unité des Eglises d'Orient et d'Occident, et de célébrer la christianisation des Tartares. En 1305, Lyon accueillait le Pape Clément V, qui allait se faire couronner à Saint-Just. En 1316, 23 cardinaux se voyaient enfermés sur ordre du régent de France, le comte de Poitiers, futur Philippe V le Long, dans le cloître des Frères Prêcheurs, c'est-à-dire les Dominicains (dits aussi Jacobins en raison de l'église St Jacques qu'on leur avait donnée à Paris, et autour de laquelle ils avaient installé leur communauté). Le couvent de Lyon, où se tint le conclave de 1316, avait été édifié en 1236 sur des terrains situés derrière la maison des Templiers. L'ensemble du monastère s'étendait de l'actuelle place des Jacobins jusqu'à la place Bellecour. Les cardinaux furent enfermés afin qu'ils procèdent à l'élection du nouveau Pape, Jean XXII. La ville connut durant la Guerre de Cent Ans (XIVè/XVè siècles) des disettes et des destructions. La peste noire de 1348, qui ravagea l'Europe pendant trois ans, réduisit d'un tiers la population de Lyon. Une dépression économique s'ensuivit. La ville retrouva équilibre démographique et prospérité dans la seconde moitié du XVè siècle. A la fin du Moyen Age, Lyon comptait 24 taverniers, 32 barbiers, 48 tisserands, 56 couturiers, 44 poissonniers, 36 bouchers, épiciers et charcutiers, 57 escoffiers (chausseurs), 36 panetiers et boulangers, 25 albergeurs, 15 orfèvres ou doriers, 20 drapiers, et 87 "notaires".
La Renaissance
A partir de 1420, un privilège royal permit aux Lyonnais de tenir deux foires par an dans le quartier Saint-Jean ; la fréquence de ces foires fut portée à quatre par an, permettant à Lyon de concurrencer Genève et d'attirer tous les marchands italiens, allemands, suisses ou espagnols qui avaient fait le succès des foires d'Empire ou de Bourgogne. Lyon devint la troisième place d'Europe pour le marché du livre après Venise et Anvers (le premier livre en français fut imprimé à Lyon). Les banquiers de Gênes fondèrent à Lyon la première bourse de France. La ville entra dans une nouvelle ère de son histoire, sa richesse devint exubérante. Mais rejeté aux extrémités de la cité, le petit peuple, de plus en plus employé aux métiers du tissage, de l'imprimerie et de la métallurgie, formait une masse incontrôlable et parfois dangereuse, que la municipalité calmait en prenant de plus en plus en charge la charité à la place de l'Eglise. La forme de vie et de pensée de cette population s'opposait totalement à celle d'une élite italianisante qui s'implantait rue Saint-Jean. Tous les oligarques, marchands comme juristes, voulaient alors avoir leur demeure dans ce quartier ; les jardins disparaissaient et les maisons s'imbriquaient comme des habitations gigogne ; un réseau complexe de passages intérieurs (ou "traboules", de trans ambulare, passer à travers) se constitua. La richesse des hôtels particuliers est peu visible depuis la rue, elle ne se révèle que dans la cour. La ville tripla sa population entre 1460 et 1549. Charles VIII, Louis XII et François Ier séjournèrent à Lyon, alors que Rabelais, l'auteur de Gargantua et de Pantagruel était médecin à l'Hôtel-Dieu. François Ier réalisa le vieux projet de Louis XI en installant à Lyon l'industrie de la soie en 1536. La soie de Lyon est aujourd'hui réputée dans le monde entier. Ville de foires, fréquentée par des Allemands et des Suisses, Lyon fut atteinte dès 1523 par les idées de la Réforme, surtout celles de Calvin. Cependant, c'est parmi les classes moyennes que se recruta la majorité des Réformés. Ceux-ci prirent néanmoins possession de Lyon en 1562 avec le redoutable baron des Adrets. Les églises Saint-Irénée et Saint-Just furent détruites, les statues extérieures de la cathédrale décapitées. Le baron fit tirer au canon sur les murailles du cloître Saint-Jean et détruisit des cimetières (à l'instar pour ce dernier forfait, du consulat). Il entreprit également des travaux d'urbanisme à but stratégique : création de la place Bellecour pour le déploiement des soldats, il ouvrit des rues (pour éviter des embuscades dans le lacis des ruelles et permettre une meilleure liaison des troupes. Le baron des Adrets quitta Lyon en 1563 mais son court passage avait jeté les plans d'une nouvelle ville. La guerre civile continua, marquée par la revanche catholique et des vagues d'émigration protestante qui privèrent la ville de ses meilleurs imprimeurs. La peste de 1564 faucha les deux tiers de la population. La Contre-Réforme allait aussi modifier le paysage urbain : des communautés charitables ou enseignantes (Minimes, Chartreux…), militant pour la renaissance catholique, se fixèrent entre 1585 et 1640 dans la partie sud de la presqu'île et sur les pentes des collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. Leur présence contribua à créer des îlots de peuplement. L'activité textile, redevenue prospère, colonisait ces mêmes pentes. La vocation de Lyon s'affirmait plus industrielle que bancaire. Le centre de gravité se déplaçait vers la presqu'île. Saint-Nizier restait un centre prestigieux, les Terreaux étaient industrieux, on tissait sur les pentes de la Croix-Rousse, la nouvelle zone résidentielle était derrière Bellecour. Sous Henri IV, le consulat de douze membres fut remplacé par quatre échevins et un prévôt des marchands choisis par le roi. L'institution des gouverneurs, véritables chefs de la ville et représentants du roi, assistés de l'intendant, acheva de réduire les initiatives locales. Si à la fin du règne de Louis XIII, Lyon méritait d'être citée comme "le cœur et la clef du royaume", elle ne pouvait plus prétendre à sa place de capitale européenne de la banque. Alors que le prestige de la municipalité s'affaiblissait, celle-ci se dota pour la première fois en 1646 d'un palais communal. |
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