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 [L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen

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Wulfen

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MessageSujet: [L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen   [L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen Icon_minitimeVen 4 Aoû 2006 - 0:11

L’ère des grands Maîtres


I. La période médiévale


Jusqu’au début du XVIe siècle, il existait peu de principes solides sur la manière de perfectionner sa technique à l’épée. Les maîtres étaient pour la grande majorité des vétérans de l’armée et transmettaient pêle-mêle des techniques, mélangeant l’escrime, le maniement de la dague et des prises de lutte. En fait, tout ce qui pouvait aider à un pratiquant à survivre. Pour Egerton Castle " Chaque maître enseignait une panoplie d’astuces qu’il avait découvert durant une vie riche en expériences, qui en général avaient eu du succès lors d’affrontements personnels, et qu’il avait entraîné jusqu’à ce que la facilité et la rapidité dans son exécution rendent ses astuces très dangereuses pour un adversaire qui manquait de pratique" . Tout cela allait changer.

Le traité connu le plus ancien sur l’escrime est un manuscrit d’Allemagne du sud, anonyme, de la fin du XIIIe siècle, le I.33 , dont l’original se trouve actuellement à l’Arsenal royal de Leeds (nord de l’Anglette). En 32 pages, des images montrent un prêtre (sacerdos) instruisant un étudiant (scolare) dans l’utilisation de l’épée dans le combat simple. I.33 nous montre une forme sophistiquée du maniement de l’épée et de la targe, ainsi que des mouvements de lutte, avec des commentaires en latin.

[L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen I33

manuscrit I.33


De I.33 à la fin du XIVe siècle, la peste noire, la guerre de cent ans, la révolte des paysans, et une variété de calamités sociales semble avoir fait avorté la production (ou la survie) de tout autre manuscrit d’escrime pendant presque cent ans. En France, le prétendu "berceau de la chevalerie" et son rival, l’Angleterre, ont quasi totalement effacé du ruban historique les traités d’arts martiaux. Parmi les rares manuscrits qui ont survécu citons Le Jeu de la Hache , un manuel de combat à la hache d’origine bourguignonne de 1475, et les manuscrits MS. 39564 et MS. 3542 , tous deux du XVe siècle.

En Souabe (région historique d’Allemagne, située à cheval sur l’ouest de la Bavière et le Bade-Wurtemberg, elle englobait aussi une partie de la Suisse et de l’Alsace actuelle), un maître d’armes de Nuremberg, Johannes Liechtenauer , publie un traité en 1389. Le manuel contient 114 pages de textes parmi lesquels on y retrouve seulement deux pages comportant des illustrations. Son traité donne de nombreux conseils sur les feintes, les estocades et les parades. Nous avons peu d’informations biographiques sur Liechtenauer, seulement des bribes données par ses étudiants et leurs descendants. Nous savons qu’il a voyagé dans tout le Saint Empire Romain Germanique et l’Italie, recueillant les diverses techniques des maîtres locaux.

[L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen Traite-Liechtenauer

image tirée du traité de Liechtenauer


Liechtenauer a noté ses enseignements en un ensemble de "vers cachés" qui ont été conçus pour occulter intentionnellement les méthodes de son art pour toute personne qui n’avait pas été formée par le maître ou des membres de son cercle intérieur. Nous n’avons pas le texte de Liechtenauer, seulement les manuels écrits par ses étudiants. En effet, vers la fin du XIVe siècle, les étudiants de Liechtenauer, à la mort celui-ci, ont interprété les vers cachés du maître et ont expliqué toutes les techniques et la philosophie de son école. Hanko Doebringer a édité le premier de ces manuels en 1389. Bien que l’arme primaire qu’il a enseignée ait été l’épée longue, les enseignements de Liechtenauer ont inclus presque toutes les armes médiévales communes (épée une main, épée bâtarde, épée deux mains, épée et targe, et différentes armes d’hast).

En 1459, un autre maître d’armes allemand du nom de Hans Talhoffer , compile son Alte Armatur und Ringkunst . Le manuscrit vulgairement traduit par : "Anciennes armures et combat dans l’arène" a été publié en Bavière (1459) par Hans Talhoffer, transcrit par Michael Rotwyler. Hans Talhoffer posa lui-même pour les illustrations. Le manuscrit présente plusieurs aspects des techniques de la guerre, incluant des engins de sièges, des illustrations avec de courtes descriptions sur le maniement de l’épée à deux-mains, l’épée et la taloche (petit bouclier), l’épée et le bouclier, la dague, la lutte, les armes d’hast, les combats judiciaires ainsi que les combats montés. Nous retrouvons aussi une forme spécialisée de duel judiciaire avec des pavois armés, des épées, des masses, etc.

[L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen Talhoffer_-Alte-Armatur-und

Image tirée du traité de Talhoffer, Alte Armatur und Ringkunst, 1459


En 1467 il publie son Fechtbuch aus dem Jahre 1467 (Livre d’escrime de l’année 1467) qui a été traduit en Français et republié à Prague en 1887 par Gustav Hergsell. Une seconde édition a été publié par VS Books, 1998, Herne (Allemagne). Ce traité est un catalogue d’escrime représenté par des illustrations accompagnées par de cours commentaires sur l’épée à deux-mains, l’épée et la taloche, l’épée et le bouclier, la dague, la lutte, les armes d’hast, le combat judiciaire et le combat monté (à cheval).

Actuellement, nous connaissons très peu de choses au sujet de Hans Talhoffer, mis à part ce que nous pouvons en savoir par ses manuscrits. Cependant, il semblerait qu’il ait été un serviteur d’un noble du nom de Leutold Königsegg (il existe un château du nom de Königsegg en Allemagne). Il y a plusieurs illustrations dans le manuscrit de 1459 qui montrent l’auteur aidant Königsegg à mettre son adoubement (armure) et à accomplir certaines tâches attribuables au travail d’un écuyer. Dans les plaques 13 à 42 de son manuscrit, Talhoffer assiste son Maître dans la préparation de ce qui semble être un duel judiciaire.

Fiore dei Liberi / Fiore de’ Liberi da Premariacco était un maître d’armes de l’école bolognaise. Son traité Flos Duellatorum (fleur de bataille), 1410, est la source principale de l’école martiale italienne du XVe siècle, particulièrement dans le maniement de l’épée à deux mains. Son travail inclut également l’usage du poignard, du bâton, de l’épée courte, de la hache emmanchée (poleax) et de la lutte. Nous savons que Fiore a étudié sous la férule de maîtres d’armes allemands et sa méthode reflète des aspects de leur école.

Flos Duellatorum est un des manuels les plus important dans l’art du combat et le plus complet de la période, elle comporte une méthode intégrant le combat armé et à mains libres, en armure et sans, à pied et à cheval. Trois versions différentes de son travail sont connues pour avoir survécu : l’édition de "Pissani-Dossi", une édition du début du 20ème siècle d’après un fac-similé F. Novati (l’original est maintenant perdu), est partiellement en vers latin et est souvent appelé le Flos Duellatorium in Armis ; les deux autres versions se trouvent maintenant dans le Getty Museum et au Pierpont Morgan Library, toutes les deux entièrement en italien, désigné sous le nom de Fior Battaglia.

[L'ERE DES GRANDS MAITRES] par le Wulfen Flos-Duellatorum

Flos Duellatorum, combat dague épée


L’invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg, en 1450, donne lieu à une explosion des livres sur la science de l’escrime. En Angleterre, le tirage moyen d’un traité d’escrime était de 1250 exemplaires , l’équivalent d’un important succès en librairie aujourd’hui. Vers 1500, on trouvait des ateliers d’imprimerie dans chaque ville importante d’Europe. Entre 1516 et 1884 il fut publié plus de 500 ouvrages sur l’escrime .

Cette nouvelle science acquit une telle renommée que de grands artistes lui prétèrent leur talent. Pour n’en citer qu’un, Albrecht Dürer, en 1512, prépara une série de 123 gravures à l’eau forte qui illustraient des clés (prises d’armes ou de bras) et des mouvements de lutte ainsi que 52 gravures de combat à l’épée et à la dague.


II. La Renaissance et l’école italienne


En 1413, Neppo Bardi , un professeur de l’université de Bologne, obtient une licence des autorités municipales pour ouvrir une école d’escrime . Nous avons la première preuve d’une institution éducative offrant une instruction dans l’art du maniement de l’épée. Nous ne savons rien sur la méthode d’enseignement de Badi mais il apparaît qu’il soit à l’origine de la fondation de la pédagogie de l’escrime du XVIe siècle à Bologne.

Il semblerait qu’à partir du XVIe siècle les principes de base de l’escrime dite "moderne" européenne soient bien établis en Italie. Des nombreux traités comportent des informations sur la manière de tenir une épée, la division et les différentes parties d’une arme, la description de différentes gardes, l’exécution d’attaques, de parades et d’actions contre offensives.

De cette nouvelle science, les italiens se distingueront les premiers comme théoriciens. Le maître le plus lu à l’étranger sera Achille Marozzo . Se faisant appeler le "gladiateur de Bologne", il publia son Opera Nova en 1536. Marozzo fut le premier à établir un système général. Il décrit, entre autre, comment repousser une attaque avec la main faible (avec différents boucliers ou avec la cape).

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