[LIEU] Place d'armes (rassemblements & cérémonies)

Don Lope se réveilla d'un bond !

QUE..; que se passe-t-il ? s'exclama-t-il en crachant à moitié de l'eau...
A ma tête...

Il commençait à se souvenir... Sa feinte, la blessure infligée à Guidel, puis le choc, et les ténèbres.

Ce fut un beau combat, Messire Guidel.

Don Lope se prit la tête...
J'ai l'impression d'être à la place de mon enclume.

Il se releva en titubant.
Vous avez regagné mon estime. Dommage que vous me jugez mal.
Je vais devoir refondre ma lame.

Il regarda les débris de son ancienne arme, l'heaume trouvé dans la caserne, et se caressa le visage... Il se dit que tout allait bien finalement.
Il s'appuya contre une surface dure, pour tenir en équilibre...

Le visage de la jeune femme se ferma à mesure que le Capitaine de l'ost lui faisait le récit des évènements. Un duel ?...

Je vois... dit-elle d'une voix basse.

Elle se rendit tout d'abord auprès de Don Lope, saluant poliment Phelim et Elorane qui se trouvaient à ses côtés. Elle vérifia que l'infortuné juge était effectivement toujours en vie et que son état ne nécessitait point que l'on s'y intéresse en absolue priorité. Ceci fait, elle s'en alla examiner Guidel que l'on avait transporté à l'intérieur, sur la table la plus proche. Passant auprès du seigneur de Saint Giraud qui se trouvait bien évidemment au chevet de son frère d'armes et de coeur, elle lui adressa un petit sourire un peu triste en lui disant : "Sois tranquille, tout ira bien."

Elle prit une grande inspiration puis soupira avant de se pencher sur la blessure de son vassal, sans toutefois lui adresser le moindre mot. L'entaille n'était en effet pas assez profonde pour être mortelle dans un futur proche mais les aléas de la guérison... Elle demanda à ce qu'on lui apporte de l'eau afin de laver le plus gros du sang. Son assistant arriva quelques minutes plus tard, les bras chargés du matériel qu'elle avait fait préparé à l'hôpital un peu plus tôt.

Linges propres et décoction de thym. Elle dirigea lentement son regard vers le blessé, un masque dur sur le visage. Elle le fixa, sans la moindre parole puis entreprit de nettoyer du plus minutieusement qu'elle put la plaie. Silence pesant : la vicomtesse serrait les dents. Fil et aiguille. Elle devait le prévenir. Sans quitter son "travail" des yeux, elle annonça :

Cela va être très désagréable et passablement douloureux, tu m'en vois navrée... Que l'on se tienne prêt à le maintenir où cas où il bouge, lança-t-elle froidement aux soldats qui se tenaient là.

Retrouvant des réflexes de tisserande tout droit sortie de ce qui lui semblait être une autre vie, la doyenne s'attela à refermer la plaie béante qui entaillait le genou du seigneur de Mont-Dauphin. Onguent de soucis généreusement étalé sur la blessure recousue, cataplasme et bandage. Elle soupira.

Elle se tourna enfin vers Guidel, les sourcils froncés, une moue étrange sur le visage, miroir des émotions qui la partageaient. La physicienne et l'amie en elle étaient fort soucieuses : de telles blessures n'étaient jamais anodines. La suzeraine, quant à elle, fulminait. L'inquiétude prenait encore le pas sur le mécontentement et la déception. Pour l'instant...

Te voilà recousu... Il va te falloir garder le lit quelques jours. Te reposer le plus possible et faire souvent changer tes bandages. Tu devrais te remettre. Assez rapidement je pense. Sans séquelle j'espère...

Elle se tut un instant puis ne put se retenir plus longtemps.

Un duel... contre un roturier... Mais enfin ?! Par tous les Saints, es-tu tombé sur la tête ? Mais qu'est-ce qui t'a pris ?

Elle marqua une courte pause pendant laquelle ses sourcils se froncèrent de plus belle mais elle poursuivit avant que Guidel ne prît la parole.

Charles... Je veux dire, Dauphiné, ton supérieur, va se trouver bien attristé en apprenant la nouvelle de ta compromission. Je n'ai aucun doute là-dessus. Prie le ciel qu'il ne te destitue pas de ton titre de seigneur de Mont-Dauphin...

Guidel, l'expression hagarde et le regard au loin percevait à peine les paroles des gens autour de lui. C'est vrai qu'il avait perdu pas mal de sang et cela lui tournait la tête mieux que les eaux-de-vie de la région. Il but la gorgée qu'Argael lui donna et serra les dents lorsque l'alcool fut versé sur sa plaie, il vascilla et dut reposer la tête au sol sous le coup de la douleur, posant les mains sur son visage.

Lorsqu'il se redressa, toujours assis sur une table à l'intérieur d'un bâtiment qu'il reconnut comme étant la vieille infirmerie, Freyelda était là, et lui parlait calmement. Il n'avait toujours pas recouvré tous ses esprits et il n'entendit que musique des paroles de la suzeraines, dont l'expression semblait, par moment embarassée, par moment fâchée mais surtout soucieuse et inquiète.

Cela va être très désagréable et passablement douloureux, tu m'en vois navrée... Que l'on se tienne prêt à le maintenir où cas où il bouge.

Il reprenait ses esprits, mais ce n'était pas nécessairement une bonne nouvelle, après les paroles qu'il venait d'entendre. Quelqu'un lui tendit le morceau de cuir qu'il avait coupé de sa tenue devant la bouche, il le prit et le cala entre ses dents avant de le mordre de toutes ses forces, tout en se recouchant à nouveau dans la poussière pour éviter de bouger pendant que Freyelda le recousait. Etonnament, il n'eut pas aussi mal qu'il s'y attendait et cela ne durait pas aussi longtemps. L'expérience de tisserande que Freyelda avait acquise ne devait pas y être pour rien...

Elle procéda ensuite aux recommandations d'usage, en bonne physicienne qu'elle était et Guidel se contenta d'acquiescer en hochant la tête. Elle n'avait pas besoin de savoir son départ prochain pour la Bretagne qui ne saurait être différé pour un bobo de plus, et il prit un air faussement contrit.

De la feinte, sa contrition devint bien réelle à entendre la suite des paroles de la Vicomtesse. Il aurait voulu s'enfouir 10 pas sous terre pour se soustraire au regard de la suzeraine, mais il ne le pouvait, il devait affronter les conséquences de ses actes sans même tenter de s'y soustraire... Il hocha la tête pour montrer à Freyelda qu'il l'avait bien entendu et compris les implications de ce qu'elle venait de dire, mais ne put ouvrir la bouche.

Argael, qui toujours était là pour l'épauler dans les moments difficiles, l'aida à se relever et il garda un moment la main sur l'épaule de ce dernier.

Merci, mon ami.

Bien que sa jambe le fasse terriblement souffrir, il mit un point d'honneur à avancer seul, s'appuyant sur l'épieu de guerre qu'Argael avait récupéré là où il l'avait planté. Il s'avança vers Freyelda au moment où celle-ci venait de remonter à cheval. Il s'apprêta à parler, mais ne put trouver les mots pour dire combien il était désolé de ce qu'il s'était passé. Il s'inclina bien bas pour saluer la Vicomtesse.

Soyez remerciée pour votre bonté. Je doute fort de mériter tous les bienfaits dont vous m'avez gratifié à présent... Les mots me manquent tant mon sentiment de culpabilité est grand, c'est pourquoi il serait injuste que vous ayiez à assumer les conséquences de mes actes, Madame, j'espère qu'il n'en sera rien.

Il s'inclina à nouveau et repartit en boitant vers son destrier.